• Mort de rireMort de rireMort de rire

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  • Voter Sarkozy ou Ségolène Royal reviendrait en gros au même (à la même chose quoique sous des formes certes bien différentes) : aligner l'exception française sur le monde globalisé à l'anglo-saxonne.
    Bien sûr les "réalistes" de toutes obédiences nous diront qu'il faut être raisonnable, que le gouffre des déficits publics ne peut pas continuer à se creuser éternellement, que l'on ne peut rien contre la réalité des chiffres... mais ici, à "Mathesis universalis",  nous sommes idéalistes brunschvicgiens et nous savons bien la cuisine peu ragoûtante qui se cache derrière les "chiffres" et les statistiques. Ce qui n'est en rien une attaque contre la statistique mathématique, science "dure", absolument rigoureuse depuis près d'un siècle.
    La France ne peut pas "fuir" son statut d'exception, qui remonte en fait à Descartes : on sait que le "rationalisme" cartésien et leibnizien de la "mathesis universalis" s'oppose à l'empirisme anglo-saxon de Hume, Bacon  et Newton : ce sont les deux "jambes" dont la science moderne a besoin pour se constituer, et plus tard cela donne l'opposition bien connue entre philosophie analytique (anglo-saxonne) et continentale. Renoncer à son statut d'exception, en s'alignant sur le monde anglo-saxon, ce serait pour la France couper une jambe à l'humanité occidentale.
    que nous disent en fait les prétendus "réalistes raisonnables" ? ils nous offrent une version édulcorée de la TINA thatcherienne : "T.I.N.A : there is no alternative".
    Lundi dernier, en Virginie, c'est une version encore différente qui nous en a été donnée "live" par un étudiant sud-coréen de l'Université Virginia Tech du nom de Cho Seung-hui, voir là dessus l'article que j'ai écrit dans ce blog :
     
    Avant de tuer 32 personnes et de se suicider, ce jeune homme a envoyé aux medias une video où il explique son geste par un long "discours" qui commence par ces mots : "Vous ne m'avez pas laissé le choix"...
    "vous ne m'avez pas laissé le choix" : c'est ainsi qu'il a interprété le "there is no alternative"...peut être n'aurait il pas dû ?Mort de rire

    Quoiqu'il en soit, voter Sarkozy ou Royal, ce serait opter pour ce monde où il y a certes peu de chômeurs mais beaucoup de travailleurs pauvres qui peinent 12 ou 14 heures par jour pour un revenu de misère, où il y a des caméras partout, où le "blasphème" est assimilé au racisme et vous mène tout droit en prison. Pour Sarkozy c'est évident, pour royal ce ne l'est guère moins puisqu'elle n'a pas laissé planer beaucoup de doutes sur son blairisme.
    Alors quelle alternative avons nous, en dehors bien sûr du "un autre monde est possbile", "on rase gratis" des neuneus de l'ultra-gauche partisans de l'ouverture des frontières (ce en quoi ils ne se rendent même pas compte qu'ils marchent main dans la main avec le patronat , qui rêve de la pression à la baisse sur les salaires qu'entraine une immigration massive en provenance des pays pauvres) ?
    Je pense qu'il est clair qu'en dehors de Sarkozy er Royal seuls deux candidats peuvent figurer au second tour : Le Pen Et Bayrou.
    si c'est Le Pen cela veut dire que ce sera son adversaire qui gagnera au second tour, donc soit Sarkozy soit Royal.
    Par contre si c'est Bayrou, tous les experts conviennent qu'il a de bonnes chances de l'emporter au second tour.
    Donc, de par notre logique consistant à refuser l'alignement de la France sur la mondialisation anglo-saxonne blairo-bushienne, de Descartes sur Hume, nous sommes conduits de manière absolument a priori à voter Bayrou : là il n'y a vraiment pas d'autre alternative, comme il se doit en bonne logique "dure".

     Droite-gauche : le mensonge français.

    Mais peut être vous êtes vous égaré(e) sur "Mathesis universalis" (dans ce cas bienvenue!) et la logique dure ou molle ou l'a priori vous laisse il complètement froid(e).
    Dans ce  cas je vous parlerai du philosophe Peter Sloterdijk, un type très intéressant, que Finkielkraut apprécie beaucoup, tellement même qu'ils ont fait ensemble un livre d'entretiens "Les battements du monde"; interviewé cette semaine dans "Le Point", il dénonce le mensonge français, qui dure depuis 1945, et qui a masqué la défaite de 1940 en la travestissant en victoire (de De Gaulle en 1945, pour les gaullistes, ou du communisme russe, pour le PC), mensonge qui est donc à la base de la bipolarité droite-gauche qui dure chez nous depuis 60 ans, en allant en s'effritant depuis le tournant de 1989. Cette stratégie de fuite du réel (le réel de la défaite française, qui a choisi la voie de la collaboration avec Pétain et de la persécution des juifs ) rappelle selon Sloterdijk la fuite de l'Allemagne dans le nazisme en 1919 et après; ne pas assumer ses responsabilités entraine toujours des catastrophes, et peut être est ce là la véritable explication de ce qui nous arrive?
    Toujours est il que même si Sloterdijk ne parle pas de Bayrou, l'appel à sortir du mensonge de la (fausse) bipolarité en optant pour  une voie pragmatique consistant à affaiblir le régime présidentiel au moyen d'un rééquilibrage des pouvoirs entre président et premier ministre ne peut pour nous, dans les circonstances présentes, que mener à choisir le candidat de l'UDF.
    Bien entendu, il faut rester lucide : ce sera très difficile de faire travailler ensemble "les meilleurs" de la droite et de la gauche, ce sera même un tout petit peu impossible (mais impossible n'est pas français). mais tel est l'enjeu, telle est la nécessité de l'heure, si l'on prend (comme moi) le diagnostic de Sloterdijk au sérieux, et si l'on entend son appel.
    Non ? toujours pas convaincu(e) ? la philosophie ne vous inspire pas ? vous demandez d'autres arguments, un peu plus proche de la vie des gens ? j'ai!
    passons aux individus réels !
    Il est clair que Bayrou, professeur agrégé de lettres, historien réputé, est un homem de qualité, d'une culture remarquable qui laisse très loin en arrière l'avocaillon Sarkozy et la terne bureaucrate  Royal.
    Chez Bayrou la figure du père est entourée d'une dévotion aimante; chez Sarkozy elle est inexistante, le père a abandonné les siens pour une autre femme et pour une carrière fructueuse (financièrement parlant), au point même que Nicolas devenu adulte a intenté à son père un procès pour abandon; chez royal le père est tyrannique, un militaire à l'ancienne mode, et Ségolène veut se venger de lui à travers tous les hommes.
    Sarkozy c'est un peu un Christian Clavier jouant le rôle d'un homme politique forcené et démagogue qui aurait oublié qu'il joue et se prendrait au jeu.
     
    L'article de Marianne sur le vrai Sarkozy le fait apparaitre en Scarface de la politique : il rappelle plus les apprentis dictateurs que les hommes politiques "normaux", vous lirez cet article par exemple à l'adresse suivante :
     
     
    Voir aussi la video :
     
     
    Ségolène Royal vous avez le choix : une mère Thatcher en plus jeune et version socialiste; ou bien une bécassine qui aurait mal vieilli...et en plus elle n'est même pas bretonne.
    quant à l'argument de ce con de Sollers et de bien d'autres selon lequel elle représenterait la Femme !!! mais ce n'est pas une femme, c'est une énarque bon sang de bois !
    Franchement je lui souhaite de tout coeur de trouver celui qui la rendra femme, si possible avant 70 ans, en tout cas ce n'est pas avec Hollande ou avec les autres sinistres abrutis qu'on lui prête comme amants (et que je ne nommerai pas : ici on est sur "Mathesis universalis", pas sur "France dimanche" ou chez Drucker) qu'elle a une chance... peut être avec Arlette Laguillier ? celle ci aura bientôt beaucoup de temps libre !

    Pour nous ce sera donc Bayrou, sans d'ailleurs nous faire d'illusions sur les conséquences d'un tel choix : il est clair qu'avec Bayrou ce sera le foutoir, très tôt d'ailleurs, dès les élections législatives en juin prochain.
    Mais un foutoir bien gaulois, bien sympathique, où les français pourront se retrouver, se parler...ce qui ne sera pas le cas dans le "bordel" (ce sont les mots d'Olivier Besancenot, et on peut lui faire confiance) qui adviendra en cas de victoire de Sarkozy. Quant à la victoire de Ségolène Royal, elle mènerait tout droit à une gabegie qui se terminerait très vite par une situation à l'argentine. Peu de personnes ont noté d'ailleurs l'incroyable connerie du slogan "La France Présidente" et ses implications plus que ténébreuses; aussi me suis je permis de le faire ici , dans un article précédent...

     
    Et vous, chers lecteurs : allez vous laisser "Le Monde" et ce qui se cache derrière vous dicter votre vote "démocratique", ou bien voter Bayrou pour qu'il soit au second tour ?

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  • Le slogan concocté par l'équipe de tarés qui entoure Ségolène, "La
    France présidente", appelle trois remarques :

    - le record du monde de la connerie et de la nunucherie est largement
    battu.

    - cette façon de suggérer, par le mot "présidente" au féminin, que
    l'on doit voter pour elle parce qu'elle représente en quelque sorte
    la Femme, l'Eternel Féminin qui nous entraine En Haut (nous ou notre
    queue), est vraiment pauvre et nous reporte à des temps pré-
    scientifiques (d'avant le 17 ème siècle donc) où le jeu sur la forme
    des mots était privilégié par raport au maniement intellectuel des
    idées. Le temps de la scolastique, aristotélicienne, pré-moderne,
    d'avant la civilisation inaugurée par Descartes...ceci nous confirme,
    si nous en doutions encore, ce que dit Eric Besson de Ségolène
    Royal : sa haine envers la modernité, la science et la raison, sa
    haine envers l'Occident donc, son obscurantisme....
    avec Ségolène, c'est la Grande Déesse, la Grande Mère qui fait
    retour, Héra plutôt qu'Aphrodite...je ne peux rien imaginer de plus
    terrifiant...car nous savons bien, n'est ce pas, que le petit dieu
    patriarcal du Sinaï ne pèse pas lourd face à la Grande Mère, à Kali la dévorante
    qui vient tout "reprendre en elle", avaler la petite nouille du petit
    homme qui se croyait fort ...le petit
    phallus anonyme qu'elle utilise, puis coupe, puis jette..."[i][b]la
    treizième revient, c'est encore la première[/b][/i]"

    - si je ne m'abuse, dire "La France présidente" et en même
    temps "votez Ségolène", cela revient à identifier cette femme à la
    France :  le dernier personnage qui s'est identifié à un
    peuple et à un pays, il y a 70 ans, portait la moustache...c'était dans un autre temps, et
    dans un autre pays...et cela a causé 60 millions de morts.


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  • Dans une université de Virginie, un étudiant sud-coréen, Cho Seung Hui, a tué 32 personnes avant de se suicider, avec deux pistolets automatiques qu'il avait acheté en toute légalité; dans une video qu'il a envoyé aux medias, il explique son geste dans un discours délirant où les références religieuses (au Christ notamment) alternent avec le ressentiment social ou sexuel ( avec une condamnation de la "débauche" et des "gosses de riches"). Il s'est aussi fait tatouer sur le corps un slogan qui intrigue les enquêteurs : "ISMAEL AX".

    Bien entendu, les médias français incriminent "la violence de la société américaine", "les armes en vente libre" ; mais comme répondent les défenseurs de cette liberté fondamentale prévue par la constitution américaine depuis 2 siècles, ce sont des gens qui tuent, pas des armes. On doit aussi souligner que cette liberté constitutionelle assimile la totalité des citoyens américains au statut des anciens aristocrates de l'époque européenne pré-moderne, qui avaient le droit de porter une épée et de s'en servir pour défendre leur honneur (plutôt que leurs biens), et que, plus prosaïquement,  les mêmes armes à feu ont pu servir à des femmes seules à se défendre et à éviter le viol dans le métro new-yorkais, ainsi qu'à éviter pas mal d'agressions, puisque les divers voyous y regardent à deux fois avant d'attaquer un individu isolé, ne sachant pas s'il ne va pas sortir une arme plus puissante que les leurs.

    Avec ce que l'on appelle la "globalisation" et l'alignement de tous les pays dits "riches" sur le modèle anglo-saxon, c'est à la réalisation de l'Etat chrétien thématisé par Hobbes dans "Leviathan" que nous assistons: la violence toujours possible de tous contre tous y est "contrôlée" par le "voyeurisme" policier universel (les caméras londonniennes) et par la répression "soft" des instincts primaux, sexuels notamment. Et quand la répression "soft" , maternante, ne suffit plus, vient la chaise électrique...

    La terrifiante équipée sauvage de ce jeune étudiant, qui rappelle celle de Richard Durn à Nanterre en 2002, est limpide comme le cristal. Le sens des mots "ISMAEL AX" est clair : Abraham engendre Itshaq, et par lui Jacob-Israel, avec son épouse "légitime" Sarah, et il engendre Ismael avec Agar la servante; Ismael mène au ressentiment arabo-musulman envers Israel l'élu, et à l'imagination fantasmatique d'un retour au véritable Abraham, "premier musulman" : un passé glorieux imaginaire pour fuir le présent insupportable. Voir aussi à propos de cette énigme sur "ISMAIL AX" :

    http://www.lefigaro.fr/international/20070418.WWW000000339_mais_qui_est_ismail_ax_.html

    Tout le délire du jeune Cho Seung-hui tient en un mot : ressentiment, et à ce titre il symbolise parfaitement l'unique sens de la modernité occidentale faussée et inversée qui se confond avec le "monde qui vient"....

    Je dis "faussée" car le véritable Occident, dont l'assomption coîncide avec la disparition de tout "sens" à l'aventure humaine, c'est tout autre chose. L'Occident nait avec Descartes et Spinoza, après sans doute qu'il ait été conçu chez des géants  de la pesnée comme Nicolas de Cuse; avec l'Occident, l'humanité en compréhension (et non en extension, hélas) dit un adieu définitif à l'enfance des fables et des contes de nourrice, et s'achemine vers la spiritualité virile de l'âge adulte, qui refuse de trembler ou d'applaudir aux vaines imaginations des mythes.

    L'Occident tient tout entier dans la science moderne et la (vraie) philosophie, qui en est la couronne.

    Cet Occident n'est en aucun cas de nature "ethnique" ou religieuse, si l'on s'en tient aux (fausses) religions des "dieux à noms propres", des dieux qui "choisissent" leurs peuples et leurs élus et condamnent les autres, non élus, ou "mécréants", "impurs", au feu éternel de la Géhenne.

    Mais si par "religion" on entend la véritable religion, qui est la conscience intellectuelle à l'oeuvre dans la science et la philosophie, alors l'Occident se confond avec cette religion véritable et (seule) universelle, et qui seule peut permettre que le voeu de Thomas Mann à la fin de la "Montagne magique" soit exaucé, et que l'Amour puisse s'élever un jour du brasier des guerres et des tueries "au nom des dieux à noms propres".

    Et cette religion là est accessible à tout homme ou femme, indépendamment de sa naissance et de son passé; comment y accéder ? c'est très facile et très difficile à la fois, là encore c'est Brunschvicg qui nous en donne l'accès le plus direct dans le premier chapitre de "De la vraie et de la fausse conversion":

    "L'unique nécessaire c'est de ne pas laisser échapper le sens de la conversion véritable, c'est de pratiquer l'ascétisme du renoncement total à l'idolâtrie elle-même, de rompre, sans réserve et sans réplique, avec toutes les analogies physiques qui condamneraient Dieu à demeurer le reflet d'une image humaine, l'ombre d'une ombre".

    En somme la fausse conversion c'est la conversion à une religion déterminée et à l'adoration d'un certain dieu à nom propre;la conversion véritable, c'est la conversion à la Raison, c'est à dire la concentration de l'attention à l'étude de la science et de la philosophie, considérée uniquement comme auto-éducation de la pensée à travers la science (et surtout la mathématique et la physique mathématique), selon l'acception de Brunschvicg.
    La fausse conversion ne peut mener, comme l'absence de conversion, qu'au nihilisme, au désespoir et à la lutte vitale des individus, ou des peuples, pour une durée indéfinie.
    Bien sûr il ne s'agit pas de brûler ou "jeter au feu", selon le voeu de Hume, tous les écrits qui ne sont pas fondés sur l'approche expérimentale et la formalisation mathématique. mais de mettre en premier ce qui est primordial: l'éducation à la pensée critique, au jugement. C'est à dire, selon nous, à la Mathesis.
    Sans la conversion véritable, sans la rupture complète avec les diverses idolâtries, alors c'est l'instinct vital et ses surimpositions imaginaires qui prend le dessus. Il arrive que la jalousie et le ressentiment morbide envahissent l'esprit et n'amènent à des sursauts de violence déchainée, comme dans le cas de ce jeune étudiant sud coréen, comme chez les kamikazes marocains ou irakiens, ou même ceux qui ont perpétrés les attentats de Londres en 2005 et qui étaient anglais.


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  • C'est grand, c'est beau, c'est époustouflant, c'est magnifique, c'est sublime,  cela élève l'âme....vers le seul ciel qui vaille, le ciel intelligible des théories (la relativité générale par exemple), des morphismes, foncteurs et autres équations, c'est à dire des rapports intellectuels, comme l'avait bien vu le philosophe Brunschvicg.

     

    C'est le premier film qui se hisse au niveau du plus grand génie cinématographique de tous les temps : Stanley Kubrick, et bien sûr du Kubrick de "2001 Odyssée de l'espace" (qui date de 1968) : "Sunshine", de Danny Boyle (rtéalisateur de "Trainspotting") sort aujourd'hui en France.

    Mais Kubrick , "juif déjudaïsé" (selon ses propres termes), qui a toute sa vie eu l'envie de réaliser un film sur la Shoah sans arriver à passer au stade de la réalisation, restait "croyant", je veux dire croyant en un Dieu transcendant modelé par la Torah, et c'est bel et bien un coup de force qu'il réalise dans son "2001" en transformant le roman purement athée d'Arthur C Clarke en un film ouvrant sur une transcendance incompréhensible à l'homme.

    "Sunshine" est un film spinoziste, je ne peux pas mieux dire, et je vais m'en expliquer brièvement.

    Mais auparavant, je signalerai juste la petite faiblesse du film, assez anecdotique: la fin est un peu trop spectaculaire, mais ne sombre jamais dans le ridicule genre Bruce Willis Clin d'oeil.

    L'intrigue se déroule en 2057, la terre gèle parce que le soleil se meurt, un vaisseau spatial appelé "Icarus 2" est envoyé en mission vers le Soleil, sept ans après une première mission "Icarus 1" qui avait échoué, l'objectif étant de larguer au coeur du Soleil une bombe thermonucléaire "de la taille de Manhattan" pour  y "créer une nouvelle étoile au coeur d'une étoile qui meurt"; il s'agit donc encore une fois de sauver la planète, mais que l'on se rassure, on n'est jamais écroulé de rire comme avec "Independance day" Mort de rire.

    Bien entendu la crédibilité scientifique (technique) est nulle, mais ce n'est pas grave : il s'agit d'un film philosophique et initiatique sur les enjeux et pouvoirs de la science , pas d'un film scientifique.

    autre petite faiblesse, l'équipage du vaisseau est composé de blancs et d'asiatiques à nombre égal, par contre la parité hommes-femmes n'est pas respectée et il n'y a aucun africain ! je suis choqué !

    D'autant plus qu'il s'agit là d'un enjeu de pensée majeur du scénario : marquer le retour de l'Occident (dont certains pisse-vinaigres copmme Alain Badiou assurent qu'il est fini : "l'Occident blanc c'est fini") justement comme multiracial et ouvert à tous les hommes, universaliste parce que scientifique et uniquement rationnel, non mystique ni religieux, face aux menaces "apocalyptiques" de fin de l'humanité. Je souligne d'ailleurs au passage que le réchauffement climatique, réel quant à lui, est une bonne chose, parce qu'il marquera ce grand retour de l'Occident universaliste-scientifique en démontrant aux yeux de toutes les consciences que ce n'est pas en priant que l'on sauve l'humanité, mais grâce à la science occidentale et à ses théories.

    Après diverses péripéties que ne ne vais pas dévoiler ici, ils doivent se sacrifier un à un pour pouvoir mener leur mission à bien. Ils retrouvent le précédent vaisseau Icarus 1 , et après l'avoir inspecté découvrent que sa mission a été sabotée par le commandant devenu fou et sombrant dans un délire religieux : sur un enregistrement il explique les motifs de son sabotage par son "respect" de la volonté de "Dieu" (le dieu transcendant des religions), qui selon lui veut que l'humanité prenne fin et dont on n'a pas le droit de contrecarrer les décisions en s'appuyant sur les pouvoirs de la science humaine. A ce délire mystico-religieux s'oppose point par point le destin du "scientifique" de l'équipe, le physicien, qui parvient après des péripéties dramatiques à séparer du vaisseau le module portant la "bombe stellaire" et à l'envoyer vers le soleil tout en prenant place dedans pour l'armer et la "piloter" : il accepte la nécessité de la mort inévitable non pas par "grandeur stoïcienne" et effacement de l'individu devant l'enjeu de la survie de l'humanité, mais bien avec la "joie" purement "intellectuelle" de la contemplation de la beauté mathématique liée au mécanisme de l'explosion, que lui seul comprend : on reconnait là la pure joie spinozienne de l'Amor Dei Intellectualis.

    Ce conflit entre le pur Intellect qui devrait être l'apanage de la science confondue avec la philosophie (soit la Mathesis universalis = Amor Dei Intellectualis) et la sentimentalité mystique est aussi thématisé ailleurs dans le film, notamment quand les astronautres restant en vie doivent prendre la décision de tuer l'un d'entre eux (qui après s'être rendu responsable par une erreur d'un accident terrible qui menace la mission et interdit tout retour sur Terre, a sombré dans un délire de culpabilité et menace de tout détruire) parce qu'il n'y a plus assez d'oxygène pour mener la mission jusqu'au bout. Ils prennent la décision par vote à l'unanimité, mais seule une femme s'y oppose. le chef prend alors la décision d'éliminer lui même le membre "en trop", mais finalement n'a pas à le faire, car celui ci, resté philosophe dans son délire, a "pris ses responsabilités" et s'est suicidé.

    Oui, ce sont bien tous à la fois des scientifiques et des philosophes (ce que ne sont pas les scientifiques réels dans la plupart des cas) , même s'ils ne le sont pas toujours. La meilleure preuve en est qu'il ne survient aucune histoire de sexe ni d'amour (c'est la même chose) entre ces êtres jeunes et beaux. La joie intellectuelle spinoziste et brunschvicgienne est au dessus de ces contingences matérielles et "humaines, trop humaines". Mais il est vrai que seul le scientifique (physicien) de l'équipe "comprend" la nature de cette joie, et seul aussi il peut affronter la mort inéluctable  avec joie (à la différence justement de son amie la jeune femme sentimentale qui refuse de voter la mort pour l'un d'entre eux même si cela est nécessaire pour accomplir la mission, et qui déclare qu'elle a peur de cette mort que tous comprennent à la fin comme inévitable). Il s'oppose aussi à la mort héroïque du "psychiatre" (d'origine arabe ou juive) qui se sacrifie par sentiment du devoir, et aussi à cause d'une certaine fascination d'ordre mystique pour la "contemplation de la lumière mortelle du Soleil face à face". Signalons que ce physicien est appelé dans le film Robert CAPA, clin d'oeil au photographe-héros d'origine juive hongroise Robert Capa (rien à voir avec Sarkozy Clin d'oeil) à qui nous devons les rares photos du débarquement de 1944 en Normandie.

    La fin donc, où le module contenant la bombe "parvient à rentrer" dans le soleil et à y exploser avec les hommes qui y sont, rappelle aussi la fin du "Docteur Folamour" de Kubrick où c'était le pilote à l'accent texan du bombardier qui chevauchait sa bombe : mais nulle dérision ici, car il n'y a aucun nihilisme dans la décision libre du physicien-philosophe d'accomplir sa tâche  jusqu'au bout (et d'ailleurs il sait qu'il doit de toutes façons mourir car le retour sur Terre est impossible à cause du manque d'oxygène).

    Le nom du vaisseau spatial est évidemment une allusion au mythe grec d'Icare fils de Dédale, à qui son père fabrique des ailes, et qui par ivresse de puissance s'approche trop du soleil jusqu'à ce que la cire qui tient ses "ailes" compactes fonde et qu'il ne s'écrase sur la Terre. Un autre mythe proche est celui de Phaéton fils du Soleil, raconté par Ovide : il supplie son père de le laisser mener juste une fois le char du Soleil autour de la Terre, mais par manque d'habileté il menace de brûler la Terre en s'en approchant trop, aussi Zeus doit il le foudroyer.

    La science occidentale moderne, née au 17 ème siècle, est caractérisée par l'hybris icarienne, tel est le message du film : mais il s'agit là d'une "bonne hybris", qui philosophiquement se traduit par le remplacement du "Dieu transcendant" abrahamique par le "Dieu Raison" de  Descartes , qui est aussi celui de Spinoza, même si cela semble une mésinterprétation de l'Ethique : on le comprend une fois que l'on a pris acte de l'effondrement de l'appareillage "substantialiste" de la philosophie spinoziste, qui ne menace aucunement sa vraie portée, toute d'immanence et mathématique-intellectuelle, comme l'a magistralement montré Léon Brunschvicg.

    Et cette "bonne hybris", qui refuse toute prière pieuse, toute "crainte et tremblement", est aussi celle qui permet en fin de compte de réussir, et à l'humanité de survivre. Aux mystiques la prière et la crainte, aux mathématisants spinozistes le pur amour intellectuel de Dieu c'est à dire de la Nature c'est à dire de la Raison qui lui est identique d'après l'isomorphisme des deux attributs de la Pensée et de l'Etendue (qui doit être comprise comme Etendue intelligible comme nous en avertit Malebranche ainsi qu'Einstein)

    Au Dieu transcendant des idolâtres abrahamiques, celui à propos duquel il est dit que "la crainte du Seigneur est le commencement de la Sagesse : reschit hokmah" s'oppose donc point par point le dieu purement immanent et spirituel du spinozisme, philosophie qui est un intellectualisme mathématisant et se confond avec la tâche infinie de la Science dans sa dimension théorique-philosophique. Ce Dieu rationnel communique avec l'homme d'esprit à esprit, et non pas de maitre à esclave.


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