• AGORA : 5 , 4 , 3, 2 , 1 ...booster ignition..liftoff !

    "Mon Dieu ...mon Dieu... mon Dieu !"

    ainsi répétais je hier soir en boucle cette seule adresse, ce cri jailli du tréfonds de mon être, comme on s'accroche à une bouée de sauvetage... je ne l'interrompais que pour murmurer ce bref constat :

    "je suis vivant...aujourd'hui je suis vivant, et je suis à Paris...ben merde alors !"...

    et tout me paraissait tellement irréel, fantomatique !

    oui, à la sortie de ce film, qui à mon sentiment surpasse encore en puissance "There will be blood", j'étais hébété, éperdu, anéanti... par tant de beauté sublime et écrasante, tant de génie, tant de noirceur aussi..

    car au fond, quel film ou oeuvre d'art touchant réellement aux ressorts les plus profonds et les plus cachés de la condition humaine ne serait d'une noirceur , d'un désespoir absolu ?

    J'en ai parlé ici même, de beaux et de grands, de magnifiques  films, qui sont sortis ces dernières années, tous américains, pas un seul qui soit français : "There will be blood", "Before the Devil knows you're dead" (= 7h58 ce samedi là), "No country for old men", "Burn after reading", "The Box", "The road"..

    "Agora" est européen, ou du moins réalisé par un des plus talentueux cinéastes européens cherchant l'ampleur des films hollywoodiens : certes quand on dîne avec le diable, il faut se munir d'une longue cuiller, mais Alejandro Amenabar, que je ne connaissais pas jusqu'ici, semble s'être acquitté de cet exercice périlleux sans sombrer, bien au contraire même...

    http://www.critikat.com/Agora.html

    le résultat est un diamant sombre, dont les facettes semblent briller et resplendir de façon inversée et "internelle", à l'intérieur de l'âme même du spectateur...et je veux garder en moi la brûlure presqu'insupportable de ce feu adamantin..aussi n'en parlerai je sans doute pas longuement aujourd'hui, me préoccupant plutôt de "décrire" l'effet qu'il a provoqué sur moi... car il me faut parler, ne fût ce que pour me "libérer", en l'extériorisant, de cette tension "divine" et sacrée, mortelle donc, qu'il a déclenchée en moi..

    à la différence des autres, celui ci élève l'âme et l'esprit, si l'on sait le voir et le "lire" comme il convient; on peut dire la même chose de "The road", "The Box", seulement ce sont des oeuvres de (science) fiction, au scénario baignant dans le fantastique, alors que celui ci porte sur l'histoire réelle du 4 ème siècle marquant la transition entre l'empire Romain d'Occident finissant et l'Empire chrétien d'Orient débutant...pour 1000 ans, jusqu' à sa destruction par les agresseurs musulmans turcs.

    j'ai beaucoup d'admiration pour le cinéma des frères Coen, mais leurs films, que j'ai commentés ici, sont strictement négatifs et "dissolvants", comme un réactif chimique : s'ils provoquent un éveil spirituel, c'est un peu comme une vision des enfers invite à refermer la trappe immédiatement et à s'éloigner, le plus vite qu'on peut...et l'on peut dire la même chose de "There will be blood", mis à part sa grandeur tragique..

    "Agora" possède la même grandeur, mais il élève l'âme de manière bien plus directe et "positive"..

    encore une fois : si l'on sait le lire avec les bonne lunettes, car l'on peut évidemment se contenter d'y voir ce qui en est la trame de base : critique du fanatisme religieux selon l'exemple prototypique de l'essor chrétien au 4 ème siècle finissant, et des premières persécutions anti-païennes et anti-juives....

    certains, beaucoup même sans doute, se diront : encore un film jetant à la face du christianisme ses tares et ses crimes passés  (et passés depuis pas très longtemps, pour certains)...mais pas un mot sur les crimes actuels de l'Islam, ou sur les persécutions anti-chrétiennes contemporaines en terre d'Islam, mais aussi en Inde, en Chine...

    bien sûr, ceci est vrai...mais au fond, si l'on arrive à reconnaître la dimension exacte de cette oeuvre, qui est (à mon avis tout au moins) rien moins que "politique" (je veux dire : touchant à la basse politique, celle d'aujourd'hui, celle qui se fait à la corbeille ou dans les boîtes chic des bobos branchés), alors on se perusadera vite que ces critiques sont dérisoires...

    La supériorité du vrai christianisme, c'est justement de reconnaître ses fautes, ses crimes : non pas en vue d'une repentance obsessionnelle  et sans portée réelle, mais pour un changement radical d'orientation se traduisant en actions réelles, c'est à dire spirituelles...réellement spirituelles !

    Et nul doute qu'il ne s'agisse là d'un film profondément chrétien, c'est à dire philosophique, comme d'ailleurs The Box ou The Road...

    oui, je suis sorti de la salle stupéfait, abasourdi, dans un état proche de la démence....car le scénario de ce film reprend exactement le "thème" qui est l'essence de ce blog même depuis 2005, ainsi que de tous les blogs "Mathesis universalis" que j'ai créés, dont celui ci est le principal :

    ce thème , c'est celui du "christianisme de philosophes" tel que défini par Spinoza, Malebranche, Fichte  et Brunschvicg : la science moderne et sa cosmologie, créée par Copernic et Kepler, correspond à la possibilité de l'émergence du christianisme véritable, c'est à dire de la philosophie véritable; la science ne vise pas prioritairement la puissance technique et économique ou militaire (bien que clles ci en soient les retombées) mais le progrès dans la religion et la piété, qui passe par l'abandon absolu et diéfinitif du moi charnel et psychologique pour le Moi spirituel tel que défini et expliqué par Brunschvicg par exemple dans le passage suivant tiré de "Raison et religion" et souvent cité ici :

    "Le sentiment de notre éternité intime n'empêche pas l'individu de mourir, pas plus que l'intelligence du soleil astronomique n'empêche le savant de voir les apparences du soleil sensible. Mais, de même que le système du monde est devenu vrai le jour où la pensée a réussi à se détacher de son centre biologique pour s'installer dans le soleil, de même il est arrivé que de la vie qui fuit avec le temps la pensée a fait surgir un ordre du temps qui ne se perd pas dans l'instant du présent, qui permet d'intégrer à notre conscience toutes celles des valeurs positives qui se dégagent de l'expérience du passé, celles là même aussi que notre action réfléchie contribue à déterminer et à créer pour l'avenir. Rien ici qui ne soit d'expérience et de certitude humaines. Par la dignité de notre pensée nous comprenons l'univers qui nous écrase, nous dominons le temps qui nous emporte"

    Seulement, ce thème, que j'avais sincèrement pris pour cible, j'ai complètement échoué à lui être fidèle...ainsi qu'on s'en rendra compte  tout de suite en observant les nombreux articles inutiles et polémiques, donc accessoires.

    Or, être fidèle à l'Esprit, à l'exigence spirituelle qui est par nature Infinie, c'est abandonner tout ce qui est superflu : donc, notamment, tout ce qui est d'ordre "politique" !

    Avez vous quelquefois été confronté à quelque chose qui ressemble à s'y méprendre à un être que vous aviez imaginé depuis des années, dans vos rêves les plus brûlants et les plus fous ?

    Eh bien c'est ce qui m'est arrivé hier soir, et cet être divin, celui que je peux appeler ma "Dame céleste", et qui est la philosophie tout aussi bien que la mathématique, il m'a sauté au visage sous les traits austères mais d'une profonde beauté spirituelle de l'actrice Rachel Weisz, qui incarne dans le film la célèbre philosophe-mathématicienne-géomètre-astronome Hypathie, qui fut assassinée par les fanatiques chrétiens...faussement chrétiens bien sûr, et s'il est une leçon que l'on doit retirer du film et qui soit "dicible", c'est que le christianisme véritable, c'est à dire la philosophie véritable, il se trouvait justement en Hypathie la païenne intransigeante, qui refuse de se convertir extérieurement , pour des raisons d'accomodement politique, au christianisme et de "marchander ainsi la foi à vil prix"...et le refuse au prix du martyr, et de la lapidation....

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypatie_d'Alexandrie

     Nul doute qu'il ne faille voir en elle une incarnation privilégiée de ce Médiateur, dont parle Brunschvicg, et qui n'est autre que le VERBE, le CHRIST comme Raison universelle des esprits tel qu'en parle Malebranche; je l'ai souvent évoqué ici, notamment à propos de Taslima Nasreen, voir cette page  :

     http://www.blogg.org/blog-30140-page-l_incarnation_du_verbe_selon_brunschvicg-1022.html

    doit on voir en le Jésus historique une incarnation spéciale, "divine", privilégiée, voire "totale", de ce VERBE ?

    c'est évidemment là que se situe le "sujet qui fâche" , la pierre d'achoppement et de scandale, entre christianisme des philosophes (celui de Brunschvicg par exemple) et philosophie chrétienne, que j'entends précisément unifier selon la nouvelle perspective de ce blog depuis quelques mois...mais comme je l'ai dit, je ne parlerai pas de cela aujourd'hui...

    ou seulement pour préciser que si le film semble inviter à préférer la première option (celle d'un Jésus purement humain, qui serait un sage, un Christ philosophe selon les termes de Frédéric Lenoir), nous ne devons pas oublier le christianisme sans failles d'un Malebranche qui arrive à concilier croyance catholique à la Révélation et "foi" en la Raison philosophique conçue comme lieu d'apparition du LOGOS-CHRIST et acheminement vers la religion véritable qui est tout aussi bien la philosophie véritable, dont la mathématique comme application de l'esprit à Dieu la plus pure est comme le vestibule d'un Temple...

    qu'il me soit aussi permis de rappeler ce que tout le monde aura sans doute compris, mais mieux vaut prendre ses précautions : quand je parle, en termes peu flatteurs, du paganisme, de l'idolâtrie païenne (qui caractérise selon moi l'Islam comme toute déviation fanatique du judaîsme ou du christianisme), il ne s'agit pas d'insulter les individus qui se pensent comme "païens" : il en existe de nos jours, et pas seulement dans les rangs de la "Nouvelle doirte" d'Alain de Benoist (qui est à mon sens antisémite et pro-islamiste, mais ceci n'engage que moi)..

    je demande sincèrement pardon à tous ceux : paîens, musulmans, juifs, athées ou chrétiens, ou autres, qui ont pu être blessés par la forme que j'ai adoptée pour dire ce que j'ai à dire, sans doute maladroitement, car mon but n'est pas de choquer mais de provoquer la réflexion, sinon l'adhésion...ceci dit je ne renie absolument rien sur le fond...

    et j'ajoute à l'intention de tous ceux et celles qui se sentent choqués : ne lisez plus mon blog !

    et dites vous bien que je ne suis qu'un homme, imparfait donc (bien plus imparfait que beaucoup), et qu'il est possible que je me trompe entièrement.

    Mais je préfère me tromper de mon fait qu'avoir raison en suivant la foule , par lâcheté et conformisme, simplement pour ne pas avoir d'ennuis !

     Quand je suis sorti hier soir de la séance, j'étais plongé dans l'abîme de la désolation, qui peut se résumer ainsi :

    "cette femme, cette femme sublime du film, Hypathie, d'une beauté austère et pudique que jamais je n'aurais pu rêver, elle me jette à la figure  la statue fracassée de mon idéal, celui qui me constituait comme être réel et auquel toute ma vie a été infidèle : car de par ma formation et mes talents, je pouvais devenir un véritable savant et non pas seulement un scientifique anonyme, un esclave de la machine du Gestell; une des figures soucieuses à la fois de science, de philosophie et de religion, qui font avancer la sagesse humaine au cours des siècles, et ne se contentent pas de collaborer à tle ou tel procédé industriel... mais j'ai tout gâché, et j'ai enterré mes talents"

     comment faire face à cela ?  alcool ? suicide ? j'ai tout envisagé !

    mais en chemin, alors que je refusais les solutions de facilité qui consistent à fuir les "épaves que nous apportent la vérité en ses premières vagues", une petite voix presqu'inaudible s'est élevée peu à peu en mon âme, une voix qui disait des choses simples, que j'ai déjà dises ici, mais qui prirent peu à peu une portée immense, exactement comme le minuscule grain de sénevé de l'Evangile:

    "sans doute as tu été lâche, pusillanime, acharné à la poursuite des plaisirs et des divertissements : tu es humain, donc toujours sujet à faillir !

    mais la miséricorde de Dieu est Infinie, il n'est donc rien  de mondain, c'est à dire fini, qu'il ne puisse pardonner, à la condition que tu aies réellement et sincèrement l'intention de changer radicalement ton orientation vitale et spirituelle..

    Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, de connaître pour chercher la connaissance...

    Jamais il n'y aura d'épiphanie de la Vérité, car la Vérité n'est pas quelque chose de fixé une fois pour toutes : la vérité n'est rien d'autre que la recherche sincère, en mobilisant toutes les ressources de ton être, sans en épargner une seule, de la vérité..

    à celui qui frappe on ouvrira; celui qui cherche, trouvera

    tu ne m'aurais pas cherché si tu ne m'avais déjà trouvé...mais que celui qui cherche ne cesse de chercher et alors il sera bouleversé, et étant bouleversé, il sera émerveillé, de par les miracles de la Chose-Une"

    et cette voix, cette Parole divine, ce Verbe, il devint peu à peu la totalité de mon être, chassant la désolation et le désespoir...

    de puissantes forces me soulevaient au dessus des flots, me faisaient surmonter l'abîme, la Mer rouge.

    Dieu accomplissait en moi, pour moi, sans aucune intervention de ma part, un miracle secret !

    j'avais perdu à peu près toute notion de l'extérieur, mais mon corps accomplissait automatiquement les "manoeuvres" pour me ramener chez moi...

    j'aurais pu dire, comme Jacob et l'être mystérieux en Genèse 28 :

    "Voici, je suis avec toi, je te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai dans ce pays ; car je ne t’abandonnerai point, que je n’aie exécuté ce que je te dis.

    Jacob s’éveilla de son sommeil et il dit : Certainement, l’Éternel est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas !

    Il eut peur, et dit : Que ce lieu est redoutable ! C’est ici la maison de Dieu, c’est ici la porte des cieux !"

    arrivé enfin chez moi, je me réfugiai dans ma chambre et éclatai en sanglots, me mettant à genoux et joignant les mains...

    plus jamais je ne serai esclave en Egypte, désormais...comment je le sais ? je le sais, un point c'est tout...c'est cela, un évènement ...

     


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