• Synesios de Cyrène

    Après avoir vu le film "Agora", où Synesios, élève d'Hypathie avant de devenir évêque de Cyrène (ville qui se trouve en Lybie) , joue un rôle important, je me suis souvenu que je possède, depuis fort longtemps, ses "Hymnes", en deux éditions :

    -celle qui contient la traduction seule, par Mario Meunier (je n'ai pu pour l'instant la retrouver, elle doit être au fond d'un placard ou d'un carton)

    -celle aux éditions des "Belles lettres", contenant à la fois le texte grec et la traduction.

    J'avais lu ces textes, ou une partie d'entre eux, dans le temps, cela doit bien remonter à vingt ans en arrière : je ne me souvenais pas qu'ils étaient si beaux, et si profonds, indiquant une spiritualité qui est à la croisée de l'hellénisme néo-platonicien et plotinien, et du christianisme.

    Voici quelques extraits de ce que je lis, dans l'introduction générale à ce volume, concernant ses relations avec Hypathie, qui furent très profondes, puisqu'il fut bien plus qu'un élève, un disciple, et le resta toute sa vie, ce qui démontre bien d'ailleurs la "compatibilité" et je dirais même la proximité, voire l'identité (ou l'isomorphie) de la philosophie grecque et de la spiritualité chrétienne.

    De Théon, le père d'Hypathie, aucune trace dans les écrits de Synesios, qui par contre célèbre à l'envi celle qui, continuant l'enseignement paternel, nous est présentée comme l'autorité souveraine dans les choses de l'esprit. Devenu à son tour "philosophe", Synesios ne manquera jamais de soumettre au verdict d'Hypathie le fruit de ses méditations. Au soir de sa vie, cette admiration ne se démentira pas : devenu évêque de Ptolemaïs, il saluera des titres de "mère", "soeur", "maître" celle qui a guidé ses premiers pas sur le chemin de la philosophie...il la tient pour "son initiatrice véritable aux mystiques festinsde la philosophie"...

    Mais quelle est donc cette "philosophie" qui unit paîens et chrétiens cultivés ? toujours d'après l'introduction de mon livre :

    Lorsqu'on parle à cette époque là de se convertir à la "philosophie", qu'entend on par là ? cette profession de foi n'implique pas alors l'adhésion à un corps de doctrines déterminé, mais le seul engagement du néophyte à régénérer sa vie, à tendre vers une "réalité transcendante"..

    on voit qu'on est loin ici du fanatisme d'Ammonius dans le film, dont j'ai dit qu'il ne rend pas justice à synesios parce qu'il le présente comme un être certes très cultivé, mais refusant de remettre en doute ses dogmes chrétiens..

    Voici quelques liens sur lui :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Syn%C3%A9sios_de_Cyr%C3%A8ne

    Ici la traduction du très bel hymne II : Louange à la Trinité :

    http://www.patristique.org/Synesius-de-Cyrene-Louange-a-la

    Ici les traductions de ses lettres et d'autres textes :

    http://www.livius.org/su-sz/synesius/synesius_cyrene.html#texts

    Et encore plus de traductions de textes sur ce site :

    http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/synesius/index.htm

    Synesios était semble t'il plutôt attiré par la méditation que par l'action politique ou sociale; mais son épiscopat de Ptolémaïs, de 410 à 413, lui coûta beaucoup car il n'eut plus aucun loisir pour la vie contemplative, complètement harassé par sa charge...il eut une fin de vie tragique, voyant mourir ses quatre enfants avant lui... les dernières lettres, datées de 413, il les a envoyées à Hypathie "la philosophe", j'en extraits ces passages bouleversants du site ci dessus (lettres 154, 156 et 157):

    Il y a eu un temps où je pouvais être utile à mes amis; vous m’appeliez même le bien d’autrui; j’usais, pour rendre service, de la faveur que m’accordaient les grands; ils étaient en quelque sorte mes bras. Mais aujourd’hui je n’ai plus aucune influence, aucune, excepté la vôtre; je vous compte comme l’unique bien qui me reste, avec la vertu.

    Je vous salue et je vous prie de saluer de ma part vos bienheureux compagnons, ô vénérable maîtresse ! Depuis longtemps je vous reprochais de ne pas m’écrire; mais aujourd’hui je vois que tous vous me délaissez. Ce n’est point que j’aie des torts envers vous; mais je suis malheureux, aussi malheureux qu’on peut l’être.

    C’est du lit où me retient la maladie que j’ai dicté pour vous cette lettre; et puisse-t-elle vous trouver en bonne santé, ô ma mère, ma sœur, ma maîtresse, vous à qui je dois tant de bienfaits et qui méritez de ma part tous les titres d’honneur! Pour moi les chagrins m’ont amené à leur suite la maladie. La pensée de mes enfants morts m’accable de douleur....


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