• D'HOLBACH et le galimatias théologique

    "il est un vaste empire gouverné par un monarque dont la conduite bizarre est très propre à confondre les esprits de ses sujets. Il veut être connu, chéri, respecté, obéi, mais il ne se montre jamais et tout conspire à rendre incertaines les notions que l'on pourrait se former sur son compte. Les peuples soumis à sa puissance n'ont sur le caractère et les lois de leur souverain invisible que les idées que leur en donnent ses ministres. Ceux ci conviennent pourtant qu'ils n'ont eux mêmes aucune idée de leur maitre, que ses voies sont impénétrables, que ses vues et ses qualités sont totalement incompréhensibles; d'ailleurs ces ministres ne sont nullement d'accord entre eux sur les ordres qu'ils prétendent émanés du souverain dont ils se disent les organes....
    cet empire c'est le monde; le monarque c'est Dieu; ses ministres sont les prêtres; ses sujets sont les hommes.

    .... il est une science qui n'a pour objet que des choses incompréhensibles. Au rebours de toutes les autres elle so'ccupe de ce qui ne peut pas tomber sous les sens. Hobbes l'appelle le royaume des ténèbres. C'est un pays où tout suit des lois opposées à celles que les hommes sont à portée de connaitre dans le monde qu'ils habitent. Dans cette région merveilleuse la lumière n'est que ténèbres, l'évidence devient douteuse ou fausse, l'impossible devient croyable, la raison est un guide infidèle, et le bon sens se change en délire. Cette science se nomme théologie, et c'est une insulte continuelle à la raison humaine.
    A force d'entasser des si, des mais, des qu'en sait on, des peut être, on est parvenu à former un système informe et décousu qui est en possession de troubler l'esprit des hommes au point de leur faire oublier les notions les plus claires, et de rendre incertaines les vérités les plus démontrées. A l'aide de ce galimatias systématique, la Nature entière est devenue pour l'homme une énigme inexplicable, le monde visible a disparu pour faire place à des régions invisibles, la raison est obligée de céder à l'imagination, qui seule est en possession de guider vers le pays des chimères qu'elle a seule inventées."
     
                 (D'Holbach, "Le bon sens", Tome I, parag 1,2,3)

    ce "galimatias systématique" offre une bonne approximation de ce qu'est devenu l'entassement des différentes "philosophies", "connaissances secrètes", "gnoses"... quant aux sciences (les vries sciences, les "sciences dures", physico-mathématiques) elles sont (encore) préservées de l'arbitraire et du délire occulte, mais cela ne les empêche pas de se développer anarchiquement, sans "méthode", au gré des crédits et des "nominations" de directeurs de laboratoires, et , de plus een plus, dans le seul souci des retombées technologiques et financières.

    D'où l'idée de définir une méthode (au sens cartésien) pour la philosophie et la science, qui sont dans la situation de deux foncteurs adjoints. Une méthode appelée "mathesis universalis".

    Une idée qui se heurte  à Feyerabend : "Contre la méthode" et à ses visées obscurantistes....


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :