• Jean-Pierre , ou les ambiguïtés

    le choix fondamental auquel il est fait allusion à la fin de l'article précédent, qui engage le devenir de l'humanité, de l'intelligence et de l'esprit, entre christianisme et islam, il peut aussi se définir comme : choix entre civilisation et barbarie, entre salut universel et damnation universelle.

    mais il faut bien comprendre que quand nous parlons, sur ce blog, de "christianisme" et d'"Islam", nous parlons bien sûr des différentes religions connues sous ces noms (sinon on ne voit pas pourquoi utiliser ces mots), mais de bien autre chose aussi.

    Le "christianisme de philosophes" que nous avons en vue, suivant l'expression de Spinoza et de Brunschvicg, il atteint sa densité de présence maximale dans l'oeuvre de Nicolas Malebranche, le dernier des grands métaphysiciens français, et aussi le dernier des grands cartésiens du 17 ème siècle, mort la même année que Louis XIV (sa vie s'écoule de 1638 à 1715), Malebranche qui identifie le Christ à la Raison universelle, et la philosophie véritable au christianisme véritable.

    Le Père Malebranche était aussi un catholique, un religieux de l'Oratoire.

    Mais il est d'abord un philosophe, l'un des plus grands, le plus grand peut être, en tout cas j'en suis de plus en plus persuadé.

    Et le choix dont je parle ne consiste certainement pas, surtout pas, à se convertir au christianisme si on ne l'est pas par la naissance. Auquel se convertir d'ailleurs ? au catholicisme, au protestantisme, au christianisme orthodoxe ? ou à un autre, à l'une de ces innombrables sectes évangéliques  américaines ?

    Que nenni !

    quant à moi, né juif (mais sans pour cela me considérer comme juif), je n'ai aucune intention de me convertir à l'une ou l'autre de ces ...variantes, appelons les comme cela....sans pour autant les mépriser ou m'en moquer, car qui suis je pour donner des leçons aux autres , ou pour me placer au dessus d'eux ?

    il n'y a qu'une seule conversion véritable, il en a déjà été parlé en ce blog, et c'est la conversion à la Raison universelle des esprits, celle dont parle Malebranche, et qui est d'ordre intellectuel et moral (mais l'intellect vient avant la moralité); on ne voit pas en quoi se faire asperger d'eau par un prêtre pourait la favoriser.

    comme le dit Brunschvicg : l'initiation véritable et universelle  qui fait l'objet du Discours de la méthode de Descartes (ou de la Recherche de la vérité de Malebranche)  n'a rien à voir avec les initiations à l'idole particulière d'une tribu particulière, cette tribu fût elle la juive, ou la catholique (cette dernière faisant d'ailleurs mentir son titre, puisque la catholicité est étymologiquement  l'universalité).

    Ce n'est qu'en apparence que nous faisons ici mentir Descartes, qui se vantait d'être "toujours resté fidèle à la religion de sa nourrice" (c'est à dire la religion catholique).

    Il voulait dire par là que la conversion véritable, qui est en somme la philosophie véritable et qui est d'ordre intellectuel (tout comme le jnâna yoga de Shankara pour les hindous, qui ne saurait cependant être recommandé à des européens) n'a rien à voir avec la conversion à une religion particulière, fût elle la catholique, et ne saurait être entravée par l'identité religieuse contingente et particulière (tribale) que l'on hérite du fait de sa naissance...du fait du hasard donc.

    Quant à l'Islam, il a été démontré ici qu'il s'agit d'une création à buts sectaires et temporels, opérée par un groupe de rabbins "ébionites" : le principal auteur du Coran étant le rabbin Waraqa Bin Nawfal, parent de Khadidja , la première épouse de Mahomet, voir la page :

    http://mathesis.blogg.org/page-le_rabbin_ebionite_waraqa_bin_nawfal_est__le_gourou_pervers_qui_a_ecrit__le_coran_et_cree_l_islam-835.html

    Il faut bien comprendre qu'ici la distinction entre "juifs" et "chrétiens" n'a plus de sens : les ébionites qui ont créé l'Islam étaient des "juifs christianisés" vivant en Arabie depuis des temps immémoriaux, en bonne entente avec les arabes polythéistes tant qu'ils ne se sont pas efforcés d' initier ceux ci au monothéisme.

    Mais le "christianisme" ou "judaîsme" ébionite s'oppose radicalement au christianisme véritable (le christianisme des philosophes) ET aussi d'ailleurs au catholicisme européen inspiré de Saint Paul (fondateur de l'universalisme selon Badiou) en ce qu'il refuse d'abroger la loi mosaïque (circoncision, interdits alimentaires, lapidation des femmes adultères, etc...) et le Talmud.

    Or il est évident qu'il s'agit là d'une régression obscurantiste dans le progrès d'universalisation marqué par le christianisme paulinien : on ne peut pas "universaliser" la circoncision et les autres superstitions du même genre, toutes plus révoltantes les unes que les autres.

     La parole admirable de Jésus dans l'Evangile : "Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre" , marque la séparation définitive entre la civilisation chrétienne occidentale , qui certes ne saurait "encourager" l'adultère ou la fornication, mais ne saurait non plus les punir ou les "prévenir" autrement que par un appel à la conscience individuelle des fidèles, et la barbarie ignoble des lapidateurs et des coupeurs de mains , la barbarie islamique, pour parler clairement.

    Et l'Islam se présente donc comme le Mal Absolu en ce qu'il est la (pseudo) universalisation de la secte ébionite "juive-chrétienne", la fixation comme "pseudo-absolue" , dans une "éternité" de pacotille, de la loi barbare du Dieu barbare et sanguinaire des tribus antiques du Moyen Orient.

    Et quant à l'Israel véritable, au peuple juif véritable, il doit comprendre que son seul salut est du côté de l'Occident chrétien véritable, c'est à dire du dynamisme de l'évolution spitiruelle et du progrès de la conscience, contre la "fixation" obscurantiste d'une prétendue "Loi divine" (shari'a) qui est en fait l'instinct de barbarie élevé fictivement à l'absolu divin.

    C'est une évidence si l'on se souvient que le peuple juif se caractérise par l'exode d'Abraham sous l'impératif : "Lekh l-kha" (= "Va vers toi même") ou encore : "Vis et deviens". Ce qui est en fait l'affirmation du dynamisme incessant de l'esprit contre la fixation du dogme et de la loi particulière.

    Dans le christianisme de philosophes, toutes les catégories "religieuses" et "mystériales" doivent être comprises à l'aune du Concept.

    Le choix entre damnation "éternelle" et salut "éternel" , qui est ce que l'on appelle "jugement dernier", survient ici et maintenant, et a une portée non pas individuelle mais universelle : le sage ne se préoccupe pas du salut de son "âme" individuelle, mais de celui de l'humanité. Selon la belle formule de Brunschvicg, il a "renoncé à la mort" (ou encore Spinoza : "le sage ne se préoccupe rien moins que de la mort").

    Cela dit , la damnation "éternelle" existe aussi au niveau de la personne individuelle... le livre de Melville, "Pierre ou les ambiguïtés" commence si je me souviens bien par :

    "O toi, malheureux, à qui la vérité, en ses premières vagues, n'apporte que des épaves"

    Eh bien le "damné" est celui qui ne voit jamais venir ces "épaves", ou bien refuse de les utiliser pour évoluer...celui qui refuse l'oeuvre de la vérité, donc, qui est la "recherche de la vérité".

    la damnation est très réelle, et l'enfer aussi croyez en quelqu'un qui en connait un bout sur la question, cher lecteur... et ils n'ont rien à voir avec les petits diables fourchus qui soufflent sur le brasier ...

    la damnation c'est quand tu te réveilles , toujours à la même heure, avec cette pensée écrasante et destructrice : "j'avais tous les talents et je n'en ai rien fait"

    "aujourd'hui je marche dans Paris les femmes sont ensanglantées,

    c'était, et je voudrais ne pas m'en souvenir,

    c'était au déclin de la beauté"

    et tu pleures tout seul dans le noir, et tu es désolé, et tu voudrais qu' une madone compatissante se penche sur toi, mais tu sais que ce ne sera pas le cas, car tu es allé assez loin dans la destruction des croyances populaires pour savoir que ces fables n'ont aucune réalité.

    tu sais que seul toi peux te sauver et te tirer de cette ornière où tu t'es enlisé de par ta propre faute, de par ta propre lâcheté et pusillanimité, mais cette constatation est impuissante à te donner un coup de fouet pour repartir....parce que tu es si faible, et si impuissant et si lâche et si seul...mais pas encore assez seul hélas, car des gens t'aiment, toi qui es incapable d'aimer personne, d'aimer de façon libre et constructrice, et cela ajoute encore à tes souffrances et à tes tourments, car  tu sais que tu ne peux plus apporter à ces personnes que tu aimes cependant, et qui eux t'aiment et comptent sur toi, que tu ne peux plus leur apporter que ruine et tourments.

    "et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie

    ta vie que tu bois comme une eau-de-vie"

    et tu voudrais n'être pas là, n'être jamais né, mais c'est impossible , d'une impossibilité qui dépasse de loin les impossibilités des aopries et paradoxes logiques traditionnels : car ta souffrance, qu' il t'est impossible de "mettre à distance", est la preuve de cette impossibilité radicale de "sortir de l'enfer".

    Dans le film "The box", c'est le passage où le couple voit inscrit sur le pare brise de sa voiture : "No exit"

    "C'est le Non qui brûle dans l'enfer" dit Angelus Silesius.

    il est donc très simple de sortir de l'enfer : on en sort par un "oui" !

    seulement le "damné" ne peut plus dire "oui", à rien, car cela impliquerait qu'il acquiesce à sa souffrance, à la tunique de Nessus qui le brûle à l'intérieur...et cela, il en est incapable.

    C'est cela, la damnation "éternelle", et croyez moi, c'est un danger qui nous guette tous.

    quant au salut "éternel", je ne peux mieux faire que d'indiquer l'endroit où l'on en parle le mieux : c'est le fameux livre V de l'Ethique de Spinoza...


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