• SPINOZA, mystique et raison : de quelques incompréhensions

    La conception de l'absolu défendue ici, à savoir qu'il s'agit de la Raison ou Pensée pouvu d'une valeur de vérité et de procédures intersubjectives de véirfication et de justification, se développant dans le Temps, a fait l'objet d'une critique sur divers sites web de la part de l'animateur des sites "Philosophie contre superstition", qui se réclame de Spinoza, de Constantin Brunner ainsi que de la mystique authentique de Jésus et Bouddha qui a été selon lui pervertie par les religions.



    On pourra prendre connaissance de cette critique sur le lien suivant, en lisant les articles titrés "Deus sive Ratio" avec ses suites 1 et 2 :



    http://philosophiecontresuperstition.over-blog.com/article-3100318.html



    Je me suis inscrit sur ses deux sites "Philosophie contre superstition" Yahoo et MSN (j'étais inscrit sur le premier depuis plusieurs années) dans le but d'engager un dialogue. A la réponse donnée sur le site Yahoo n'a été donnée qu'une réponse par email privé, où cette personne ne répondait d'ailleurs pas à mes objections, se contentant de citer Spinoza (hors de propos d'ailleurs) en m'affirmant que je n'y avais rien compris; et à la réponse donnée quelque jours après sur le forum MSN, aucune réponse n'a été donnée : il s'est contenté de me radier des deux sites en effaçant mes réponses. Je ferai d'ores et déjà observer qu'une pensée qui fuit toute proposition de dialogue rationnel est assez suspecte.



    Je considère donc que je puis reprendre ma liberté de parole, et répondre à la critique qui m'a été adressée. Une première réponse d'ordre très général a été postée sous le titre "De Spinoza à Whitehead" :





    Je désire y ajouter ceci, plus axé sur Spinoza, et qui reprend d'ailleurs la plupart des réponses et objections que j'avais apportées sur les sites "Philosophie contre superstition", avant que celles ci ne soient effacées.



    L'argument ontologique de Spinoza:



    On sait que l'Ethique contient une démonstration de l'existence de Dieu (défini comme substance dans la définition 6) aux propositions 7 et 11 de par une argumentation qui n'est qu'une variante de ce que l'on appelle "argument ontologique", et qui consiste à déduire l'existence nécessaire de Dieu de son Essence. Or ce genre d'argument a été réfuté par Kant dans son célèbre développement sur les "cent thalers possibles qui ne diffèrent en rien quant à l'essence de cent thalers réels". Il existe une autre ligne de réfutation plus claire et plus rigoureuse de l'argument ontologique , que l'on doit à la philosophie analytique, et qui consiste à dire que l'existence n'est pas une propriété de l'être mais du concept par lequel on l'a défini : ainsi, dire "il existe des hommes" revient à dire que l'ensemble des hommes contient un élément ou plus. On ne saurait donc déduire que "Dieu à la propriété d'existence" de sa propriété de perfection, en argumentant que Dieu ne pourrait être parfait s'il lui manquait la propriété d'exister, puisque l'existence est une propriété du concept par lequel on a défini "un Dieu, ou une Substance en général".



    Par contre je tiens que ma preuve de l'existence de Dieu (comme Raison) exposée sur ce blog est en fait la véritable forme de l'argument ontologique, qui échappe aux réfutations qui viennent d'être exposées, car elle ne "démontre" pas l'existence de son objet, mais le FAIT exister par le fait même qu'elle est examinée et comprise : en effet, la recherche pour savoir s'il y a un absolu commence par examiner rationnellement les différents arguments pour ou contre, et notamment par l'examen de ma preuve qui prétend exhiber un tel absolu, la Raison. Mais par cela même qu'on l'examine, on reconnait que l'on est (soi et les autres) pourvu d'une capacité de discriminer le vrai du faux par l'enquête rationnelle, et que l'on emploie cette capacité dans l'examen de la preuve. Donc on reconnait qu'il y a bien une Raison et que cette preuve, entre autres, la fait opérer et donc exister. Et si l'on refuse d'examiner ma preuve, celle ci n'est pas réfutée, et donc tient jusqu'à preuve du contraire!



    J'affirme aussi que tout autre conception de l'Absolu dépend de cette Raison que j'ai affirmée être l'absolu, et qui est donc en position d'un "objet initial" dans la catégorie de tous les "concepts possibles de l'Absolu" : en effet, si quelqu'un donne une définition de l'absolu, à examiner, cet examen ne peut se faire qu'au moyen de l'enquête rationnelle. Cet absolu dépendra donc de la validité de la Raison humaine, et donc ne pourra être l'absolu s'il est différent de la Raison puisqu'alors il dépendrait d'un Autre que lui.



    Ceci peut être vérifié à propos de la conception spinozienne du Dieu-Substance donnée à la définition 6 de l'Ethique :



    "Par Dieu j'entends un être absolument infini, c'est à dire une substance constituée par une infinité d'attributs chacun d'eux exprimant une essence éternelle et infinie"



    Comment ne pas voir que cette définition dépend du sens que l'on donne aux mots "éternité" et "infini" ou "attributs", qui soit n'est pas clair soit est relatif seulement à un type de langage : car le concept d'attribut se rapporte à la scission sujet-prédicat propre seulement aux langages indo-européens, et qui ne vaut absolument pas par exemple pour les "entités" de la physique quantique, comme l'ont montré des philosophes de la physique comme Michel Bitbol ou Bernard D'Espagnat. 



    De même, pour "infini", la forme même de la définition donnée par Spinoza laisse entendre qu'il s'agit de l'infini quantitatif. Or les découvertes de Cantor, réalisée deux siècles après Spinoza, ont révélé qu'il existe une infinité d'infinis mathématiques différents : les alephs de Cantor, dont les deux premeirs sont le cardinal des entiers naturels (puissance du dénombrable) et celui de R (puissance du continu). La définition donnée par Spinoza est donc ici floue, ce qu'il ne pouvait évidemment pas savoir à son époque. Et le manque de rigueur dans les définitions est en philosophie une faute.



    Enfin le concept de l'éternité n'est pas non plus clair, et dépend de la conception que l'on se fait du Temps, qui est actuellement l'enjeu de débats entre physiciens ou philosophes.



    Si l'on doit en tout cas un jour donner une entière clarté et rigueur conceptuelle à cette définition, cela ne pourra se faire que par le développement de la connaissance philosophique et mathématique, et cela dépend donc de la Raison, qui se trouve donc confirmée dans sa position d'Absolu (se développant dans le Temps bien sûr, donc ne pouvant pas être compris par les mystiques adeptes des conceptions parménidiennes de l'Etre) dont dépend tout Autre absolu éventuel pour sa validation. Or comme il ne peut y avoir qu'un seul Absolu (de par la démonstration de Spinoza, qui est ici valide) , il est établi que c'est ma conception qui est la bonne, et la critique de l'animateur de "Philosophie contre superstition" est définitivement réfutée.



    Quel enseignement retirer de cet épisode ? c'est que la pensée de type mystique (qui est celle de mon contradicteur) ne supporte absolument pas de descendre dans l'arène du débat contradictoire. S'il existait un "Penser spirituel" absolument transcendant et supérieur à la Raison humaine, il lui serait facile de confondre les prétentions de celle ci en acceptant ses critères de vérification et ses armes : qui peut le plus peut le moins.


    Bien entendu, on comprendra que ce qui est dit ici n'est en aucun cas une "attaque" ou un "manque de respect" pour Spinoza, que je tiens pour un des plus grands penseurs qui ont jamais vécu. Mais si la Raison Absolue est, comme je le défends ici, un processus plutôt qu'un stade immuable, alors il est clair que tout penseur, même le plus grand, sera un jour réfuté sous certains aspects, même par quelqu'un de bien inférieur à lui (comme je le suis par rapport à Spinoza) mais bénéficiant des avancées qui ont été faites entre temps par l'intelligence humaine collective : Spinoza ne pouvait pas connaitre Cantor ou la physique quantique.....


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