• Un article important de REDEKER sur le nouveau corps

    http://www.rebelles.info/article-le-nouveau-corps-de-l-homme-entre-sport--publicite-et-pornographie--37441906.html

    "Le nouveau corps de l'homme entre sport, publicité et pornographie"

    On pourra s'étonner du ton neutre, détaché, voire même quelquefois admiratif avec lequel Redeker aborde cette épouvante post-moderne : la substitution de la médecine à la religion et l'identification du corps au moi, l'invention par notre époque d'un corps nouveau qui n'a rien  à voir avec celui que prétendaient apporter les régimes totalitaires.

    quelques formules frappantes :

     "Le corps nouveau, c'est avant tout le corps qui a absorbé le moi, qui a en quelque sorte gobé le moi."

    La démiurgie publicitaire et pornographique de notre époque est replacée dans sa dimension "eschatologique" , consistant à "prendre la place" du Grand Oeuvre alchimique (qui était, rappelons le, d'ordre spirituel):

    "Depuis son apparition sur le cadavre de feu la réclame, la publicité accomplit un grand oeuvre de portée anthropologique : une transmutation majeure. Le grand oeuvre de la publicité consiste dans une double sublimation : le rabattement du moi sur le corps, et l'élévation du corps au moi. "

    Redeker fait la démonstration imparable du fait que sport (le sport médiatisé à l'extrême et technologisé, dans le dopage par exemple) , publicité et pornographie ne sont pas des "accidents contingents" de notre société, mais appartiennent à son essence même:

    "Le sport, la publicité et la pornographie ne sont pas des zones secondaires de notre modernité, de simples divertissements. N'étant pas une simple mise en spectacle des corps tels qu'ils existent, ils sont plutôt le logiciel programmatique du corps humain à venir. Matriciels, voyons en eux le berceau de l'homme du XXIe siècle. Un point commun les rassemble : l'âme et le moi, appelés à perdre leur indépendance, s'y dissolvent dans le corps"

     Il est donc vain, par exemple, de rêver d'un sport sans dopage...

    et la "croisade" que j'envisageais dans un article récent tourne court : on ne peut pas sauter par dessus son époque, on ne peut pas dire : "arrêtez le monde ! je veux descendre !"

    ou alors...ou alors...le peut on ?

    C'est ce que prétendent en tout cas, d'une part les "révolutionnaires" en peau de lapin du genre Tiqqun, altermondialistes, écologistes, NPA, Julien Coupat et toute cette bande d'énergumènes au cerveau complètement lobotomisé par la propagande de quelques illuminés, ou de quelques leaders très malins..

    mais aussi, d'autre part, des "cherchants" d'un tout autre domaine que celui du rationalisme scientifique et philosophique : celui de l'ésotérisme au sens large.

    Il est ainsi un roman de Mircea Eliade, "Les dix neuf roses" qui décrit un groupe d'hommes cherchant  à "sortir de l'Histoire", grâce à un "passage" réservé à un petit nombre d'élus, chaque année, le  25 décembre (les deux solstices sont appelés "porte des hommes" et "porte des dieux" dans l'ésotérisme hindou) :

    http://www.mollat.com/livres/mircea-eliade-les-dix-neuf-roses-9782070394906.html

    et c'est d'ailleurs là le rêve qui sous-tend toute son oeuvre, tout autant que celle d'un Guénon, ou, dans un tout autre sens, d'un Cioran.

    Car si l'histoire n'est rien d'autre que "chute dans le temps" (Cioran) ou "éloignement progressif et accéléré du Principe" (Guénon), alors le salut ne peut consister qu'à s'en affranchir...

    Il ne faut pas se le cacher, et c'est ce que souligne l'article de Redeker, c'est aussi une telle "sortie", ou "fin de l'histoire", que cherche notre époque démiurgique. Le matérialisme démocratique n'est pas tout à fait matérialiste, ni démocratique d'ailleurs...

    Dans le même ordre d'idées, est annoncée depuis longtemps l'irruption "messianique" de la Singularité, à savoir cette cassure finale ou la vitesse du progrès technologique deviendra si rapide que l'on assistera à une mutation ontologique de l'humanité et donc de l'histoire et de la "réalité" même. Le corps humain sera complètement transformé grâce aux nanotechnologies, et l'immortalité sera accessible puisque l'on pourra "télécharger" son esprit, sa conscience, exactement comme un logiciel informatique...

    voir là dessus les sites et ouvrages de Ray Kurzweil, le grand Gourou-Messie de cette société ... pas si secrète que ça, puisqu'ils vous envoient une lette quotidienne par email si vous en faites gentiment la demande à  http://www.kurzweilai.net/index.html?flash=1 , voir aussi :

    http://singularity.com/

    http://en.wikipedia.org/wiki/Raymond_Kurzweil

    http://en.wikipedia.org/wiki/Technological_singularity

    http://books.google.fr/books?id=88U6hdUi6D0C&dq=ray+kurzweil+singularity&printsec=frontcover&source=bn&hl=fr&ei=AujWSobCL8OJ4QbO8bjWCA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=9&ved=0CC0Q6AEwCA#v=onepage&q=&f=false

     

    Il y a quelques années sur Arte on a pu voir un film sur l'influence de la Kabbale hébraïque et du mythe du Golem sur ces technologies de pointe de la Silicon Valley : Ray Kurzweil y était longuement interviewé, et il est évident qu'il s'agit d'un expert (sur le Golem en particulier).

     Quant à nous, nous resterons les convives de pierre, et nous ne prendrons pas part à ces noces, ni à ce festin !

    Redeker a raison de citer Descartes dans son article , pour souligner combien notre époque se caractérise par la rupture avec ce qui est la fondation même de la modernité, le cartésianisme au sens large (comprenant Malebranche, Spinoza...jusqu'à Brunschvicg), combien notre époque donc n'est plus moderne, mais post-moderne :

    «Au XVIIe siècle, le cogito de Descartes, "Je pense donc je suis", s'institue de ce que justement la pensée, assimilée au "je", lui-même assimilé à l'âme, se dévoile en tant que distincte du corps : un corps ne peut penser, encore moins se penser comme "je" »

    Eh bien nous, nous préférons obéir au mot d'ordre de Rimbaud : "Il faut être absolument moderne".

    Car enfin, qu'est ce que c'est, le "corps nouveau", ou même la "Singularité" ?

    rien d'autre que de nouvelles transcendances, de nouvelles "autorités", venant s'ajouter aux anciennes : Dieu des religions, à savoir le Dieu d'Abraham et non pas le Dieu des philosophes et des savants qui est immanence radicale ; corps ; monde; argent; nations, groupes communautaires, religions, "races", tribus...; sexe ; prolétariat ; langage; police; curés ; rabbins; psychiatres ; barmen ; la petite caissière asiatique ensorcelante à la supérette en bas de chez moi...etc..etc..etc...

    Ainsi, pour mes 90 ans, on me téléchargerait un pénis  quantique ? je deviendrais le Rocco Siffredi du 3ème millénaire ?

    c'est ma femme qui va être surprise, comme dirait l'inspecteur Colombo, surtout que ça risque de se bousculer au portillon...prévenez les martiennes !

    S'échapper de la Jérusalemn terrestre-céleste pour tomber dans une partouze cosmo-planétaire ?

    non merci ! je suis de l'ancien temps moi...celui où l'on apportait un bouquet de roses à la dame....

     Etre "absolument modernes", pour nous, c'est garder jusqu'au bout la fidélité au fondateur de la modernité, à Descartes donc, et au cartésianisme (celui de Malebranche, Spinoza, Fichte et Brunschvicg ), ce qui veut dire pousser jusqu'au bout  la pensée de Descartes....une tentative que personne n'a osé accomplir, à part quelques rares penseurs comme Brunschvicg, ou Husserl.

    la "cassure en deux" de l'Histoire, elle a déjà eu lieu, avec Copernic, Galilée  et Descartes...

    Le cogito de Descartes nous semble être cette rupture inouïe, ce "partage de la ligne des temps", qui peut encore aujourd'hui, surtout aujourd'hui, briser la prison et les chaînes où la démoniaque mondialisation nous enferme, nous ligote  de plus en plus étroitement.. comment nous libère t'il sans même faire usage de grenades ?

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Prisonnier

    en ouvrant sur Dieu, le Dieu des philosophes et des savants(bien que Descartes soit toujours resté "fidèle à la religion de sa nourrice", i e bon catholique, et qu'il y ait des ambiguïtés entre Dieu de la bible et Dieu des philosophes dans son oeuvre, mais où n'y en a t'il pas ?) .

    Dieu qui ne se découvre que dans la conscience, pas dans le ciel, ou dans une éprouvette, ou une puce quantique...

    "J'ai premièrement en moi la notion de l'infini que du fini, c'est à dire de Dieu que de moi-même"

    "la nature intellectuelle qui, non limitée, nous donne l'Idée de Dieu et limitée, celle d'un ange ou d'une âme humaine".

    Nous voulons donc faire l'ange plutôt que le cyborg... au risque de faire la Bête.


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