• https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Cabaret_de_la_dernière_chance

    Nous nous sommes appliqués, et nous avons parfaitement réussi, à ne pas laisser traîner de l’arsenic et de la strychnine à portée de nos enfants. Traitez John Barleycorn de la même façon. Arrêtez-le. Ne le laissez pas s’embusquer sous la protection légale des licences, pour se jeter sur notre jeunesse. Ce n’est pas pour les alcooliques que je plaide, c’est pour nos jeunes gens, pour ceux qui sont stimulés par un esprit aventureux et un caractère sympathique, prédisposés à une sociabilité virile : ce sont ceux-là que notre civilisation barbare déforme en les alimentant de poison à tous les coins de rue, et c’est pour eux que j’écris, pour ces garçons sains et normaux, nés ou à naître.

    Les femmes sont les vraies conservatrices de la race. Les hommes en sont les enfants prodigues, aventuriers et joueurs, et en fin de compte c’est par leurs femmes qu’ils sont sauvés. L’un des premiers expériences chimiques de l’homme a été la fabrication de l’alcool et, de génération en génération, jusqu’à ce jour, l’homme a continué à fabriquer et à absorber cette drogue. Et il ne s’est pas écoulé un seul jour où les femmes n’aient déploré cette habitude de l’homme, bien qu’elles n aient jamais eu le pouvoir de donner du poids à leur ressentiment. Du jour où les femmes auront le droit de vote dans la communauté, leur premier acte sera de fermer les bars, ce que les hommes ne feraient pas d’eux-mêmes d’ici un millier de générations : autant vaudrait s’attendre à ce que les victimes de la morphine présentent une loi pour en prohiber la vente.

    Les femmes savent à quoi s’en tenir. Les habitude alcooliques de l’homme les ont soumises à un lourd tribut de sueurs et de larmes. Toujours sur le qui-vive pour défendre la race, elle légiféreront au bénéfice des petits-fils de leurs enfants encore à naître ; et dans l’intérêt de leurs petites-filles aussi, de celles qui seront les mères, les épouses et les sœurs de cette postérité.

     


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