• "Thalès étant tombé dans un puits tandis que, occupé d'astronomie, il regardait en l'air, une petite servante de Thrace, toute mignonne et pleine de bonne humeur, se mit, dit-on, à le railler de mettre tant d'ardeur à savoir ce qui est au ciel, alors qu'il ne s'apercevait pas de ce qu'il avait devant lui et à ses pieds. Or, à l'égard de ceux qui passent leur vie à philosopher, le même trait de raillerie est assez bien à sa place" (Platon, Théétète 174a)

    "peut être la servante de Thrace avait-elle confondu la théorie des étoiles avec le culte de celles-ci, et avait à ce niveau tenu ses propres dieux pour les plus forts" (Hans Blumenberg)

    "la sagesse du philosophe qui s'est retiré du monde pour vivre dans l'imitation de Dieu a, comme contre-partie inévitable, la maladresse et la gaucherie qui le mettent hors d'état de s'appliquer aux affaires de la vie pratique, qui font de lui, comme jadis de Thalès, la risée d'une servante thrace (Théétète, 174a). Est il légitime de se résigner à cette séparation de la vertu philosophique et de la réalité sociale, qui s'est traduite, dans l'histoire d'Athènes, par des évènements tels que la condamnation de Socrate ? n'est ce point manquer à l'intérêt de l'humanité que de l'abandonner aux opinions absurdes et aux passions désordonnées de la multitude ? et la misanthropie n'est elle point, en définitive, un péché contre l'esprit au même titre que la misologie ? (Phédon, 89b)"  (Léon Brunschvicg)

    Quelques mots à propos de l'anecdote immémoriale de Thalès et de la servante thrace, qui forme le thème du titre de ce blog (qui s'appelait auparavant, pompeusement : "Dieu des philosophes et des savants")....ce blog qui prend la suite des blogs "Mathesis universalis", "Principia toposophica", etc...qui ont tous lamentablement échoué..

    Le grand philosophe-mathématicien-physicien-astronome  Thalès de Milet , l'un des premiers grands philosophes présocratiques, à l'origine du théorème de Thalès , le premier à avoir prédit une éclipse de soleil, ou à avoir expliqué la couleur de la Lune par le reflet de la lumière solaire, celui qui a élaboré la théorie selon laquelle le monde dérive d'un élément unique, l'eau ("tout est eau"), se promenait un jour, le regard fixé comme à l'habitude sur le ciel et les étoiles (Kant distinguait deux merveilles : le ciel étoilé au dessus de nos têtes et la loi morale dans l'intimité de notre coeur).

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Thal%C3%A8s_de_Milet

    Comme il gardait les yeux fixés vers le ciel, il ne pouvait voir en même temps le chemin où se dirigeaient ses pas....et ce qui devait arriver arriva : il tomba dans un puits profond (est ce là le puits de la vérité ? je ne sais..).

    Survint alors une servante thrace (pour le secourir ? je veux le croire) qui éclata de rire en disant quelque chose comme : "Ah ces sages ! tous les mêmes ! il veut sonder les mystères de l'Univers et il n'est même pas capable de faire trois pas sans se casser la figure ! eh pépé, tu ferais mieux de regarder devant toi et de te soucier des autres , au lieu de te perdre dans tes théories fumeuses !"

    Telle est l'une des formes de l'anecdote, qui en a revêtu au cours des siècles de nombreuses différentes.

    Le philosophe Hans Blumenberg a écrit un livre philosophique et passionnant à propos de cette anecdote : "Le rire de la servante de Thrace" (Ed de l'Arche).

    Voici quelques liens à propos de (ou mentionnant) ce livre :

    http://www.alapage.com/-/Fiche/Livres/2851814559/le-rire-de-la-servante-de-thrace-hans-blumenberg.htm?id=169811231336179&donnee_appel=GOOGL

    http://www.cairn.info/revue-multitudes-2007-3-page-177.htm 

    (article in extenso de Charles Wolfe : "Le rire matérialiste")

    http://www.vox-poetica.org/sflgc/biblio/gely.html

    http://www.univ-paris-diderot.fr/DocumentsFCK/clam/File/Verite_fond_puits.pdf 

    (page 12 sur l'anecdote)

    http://editionsdelabibliotheque.bpi.fr/resources/titles/84240100829810/extras/philobis.pdf 

    (page 21, où J P Faye parle de l'anecdote comme de la première histoire philosophique, signalant le début de la pensée coïncidant avec une erreur)

    et l'on en trouve de nombreuses autres avec Google. Je ne vais pas commenter ces liens, ce n'est pas mon propos, je veux juste m'expliquer sommairement sur mes pensée à propos de cette fable qui m'obsède depuis toujours...

    Thalès personnifie la philosophie comme recherche de la vérité (du Dieu des philosophes) par le biais de la science et donc de la rupture avec le sens commun dans la connaissance du second genre  (la science est née en Grèce). La servante personnifie le sens commun, l'opinion, la connaissance du premier genre de Spinoza.

    Je ne vais donc évidemment pas me joindre au rire de la servante, bien que j'apprécie le plaisir de rire . Mais qu'il me soit permis de dire que je n'ai aucun mépris pour la servante, bien au contraire...

    le second lien que j'ai cité plus haut ("Le rire matérialiste") cite Spinoza :

    "Si ce célèbre Ancien qui riait de tout vivait de notre temps, il mourrait de rire, sans doute. Pour ma part, ces troubles ne m'incitent ni au rire, ni, non plus, aux larmes ; ils m'engagent plutôt à philosopher et à mieux observer ce qu'est la nature humaine. Car je n'estime pas avoir le droit de me moquer de la nature, et bien moins encore de m'en plaindre, quand je pense que les hommes, comme les autres êtres, ne sont qu'une partie de la nature..."
     
    Spinoza, lettre XXX, à Oldenbourg
     
    Il y a quand même un paradoxe, sinon un mystère, dans cette histoire : c'est que la servante thrace symbolise la superstition commune, plus habituée à craindre (les dieux, les esprits, les astres) qu'à rire....c'est plutôt le philosophe qui rit des superstitions du vulgaire ...
     
    mais la citation de Spinoza est là pour nous garder, et nous éviter de tomber dans l'aporie comme dans un puits. Le seul sens possible de cette petite histoire doit être de nous convier à philosopher, c'est à dire à quitter l'Egypte du sens commun et de la superstition du vulgaire...et l'on ne peut philosopher , en évitant les perplexités du gouffre (du puits sans fonds) et de la désorientation que si la philosophie science de l'UN, de l'Absolu, est UNE, malgrès et même en raison de ses divergences et "différences".
    Or voici comment le livre de Blumenberg est résumé dans l'un des liens que j'ai cités plus haut :
     
    «Il arrive ainsi à saisir l'exceptionnel succès de l'anecdote comme forme de la conscience que la philosophie a d'elle-même : "En fait, on ne peut rire des philosophes que si on se considère soi-même comme leur faisant exception. Et dans cette discipline chacun se considère apparemment comme l'exception de tous les autres." »
     
    On ne peut donc rire des philosophes (si l'on est un "traitre", c'est à dire quelqu'un qui a en apparence quitté le sol natal et tribal du sens commun pour de mauvaises raisons, liées à l'orgueil et au mépris des autres) que si l'on commet le péché contre l'esprit et contre la philosophie : tenter de détruire l'unité de la philosophie en se considérant comme un novateur génial, qui va enfin fonder la "vraie philosophie".
     
    Mais la vraie philosophie, elle est déjà là, et depuis toujours ! c'est à dire qu'elle est depuis toujours "en train de se faire" ! c'est celle des présocratiques, Xénophane en particulier, de Socrate, Platon, Descartes, Spinoza, Fichte, Brunschvicg...
     
    Et Brunschvicg ne cesse de nous mettre en garde contre le danger d'être imbu de soi même et de son individualité, de sa spécificité. Si nous voulons réellement philosopher, alors nous devons absolument renoncer aux fanfares médiatiques ou à leurs succédanés !
     
    mais c'est aussi un autre article de Brunschvicg, "Spiritualisme et sens commun", qui nous  invite à philosopher, et qui nous réconcilie aussi avec la servante thrace et avec nos semblables, nous mettant en garde contre ce qui serait "antiphilosophique" par excellence : le mépris des autres, qui n'est jamais que le signe de la crainte des autres, et une attitude vaniteuse...et donc vaine.
    Cet article est paru dans la Revue de métaphysique et de morale (fondée par Brunschvicg et Xavier Léon en 1893) de 1897, A5, pages 531 à 545, voici le lien sur Gallica :
     
     
    je l'ai recopié in extenso sur Scribd pour un accès plus facile :
     
    cet article admirable mérite un commentaire plus long (qui de toutes façons n'arrivera pas à sa hauteur, quasiment infinie), je me bornerai aujourd'hui à préciser ceci :
    si nous voulons éviter le péché par excellence, qui jamais ne sera pardonné, contre l'esprit et la philosophie, qui est de matérialiser l'esprit en l'assimilant à une "chose", à un objet, nous devons reconnaitre que l'esprit ne peut être que parcours (infini), passage, processus, acheminement de l'âme vers Dieu, "progrès de la conscience dans l'histoire"...
    or, pour qu'il y ait acheminement réel, il faut bien partir de quelque part, du sol natal, et le quitter.
    Il faut donc bien que le sens commun existe pour que l'on puisse le dépasser. Et celui ci est ainsi réhabilité à jamais. Comme le rire de la servante thrace est beau !
    sinon l'esprit serait....sur le mode d'une "substance". C'est là le péché, le "puits" d'où l'on ne remonte pas. Et nous n'y tomberons pas. Pas aujourd'hui tout au moins. Et demain est un autre jour....
    Je terminerai sur cette explicitation par Badiou (au début de "l'Etre et l'évènement") du Parménide de Platon , qui pourrait d'ailleurs résumer toute la philosophie de Brunschvicg, c'est à dire toute la philosophie :
     
    "L'UN n'est pas"
    Différentes formes de l'anecdote.

    Ayant retrouvé depuis peu mon vieil exemplaire du livre de Blumenberg : "Le rire de la servante de Thrace", je ne peux résister à l'envie de livrer ici un florilège de quelques citations de ce livre qui de toutes façons est digne d'une étude et d'une analyse beaucoup plus approfondies.

    L'histoire apparaît pour la première fois, semble t'il, dans une fable d'Esope (où il n'est pas encore fait mention de Thalès ni d'une servante de Thrace, mais d'un "passant" attiré par les gémissements de l'astronome (astrologos) tombé dans un puits, et qui le réprimande dans un discours moralisateur; fable accompagnée de cet epimythion :

    "on pourrait adresser cette fable (logos) à ceux qui se vantent d'accomplir des prodiges, sans pouvoir s'acquitter des tâches les plus communes"

    C'est Socrate qui dans le Théétète applique cette histoire à Thalès de Milet et "invente" (??) une servante de Thrace :

    "Thalès étant tombé dans un puits tandis que, occupé d'astronomie, il regardait en l'air, une petite servante de Thrace, toute mignonne et pleine de bonne humeur, se mit, dit-on, à le railler de mettre tant d'ardeur à savoir ce qui est au ciel, alors qu'il ne s'apercevait pas de ce qu'il avait devant lui et à ses pieds"

    et comme l'exige le genre de la fable auquel il se réfère, il ajoute aussi tôt cette "morale de l'histoire" :

    "Or, à l'égard de ceux qui passent leur vie à philosopher, le même trait de raillerie est assez bien à sa place"

    Et Blumenberg de signaler que dans le contexte platonicien, le point de référence de cette histoire n'est pas thalès mais Socrate lui même !

    Il analyse les variations de cette histoire au cours des siècles, qui sont très nombreuses, mais restent soumises à un invariant interprétatif : le rire de la servante reste le signe d'une incompréhension de la vie quotidienne et du "sens commun" face à l'étrangeté de la théorie.

    Mais il reste une ambiguïté difficile à clarifier : cette tension oppose t'elle le sens commun à la science, ou bien à la philosophie  ?

    difficulté cruciale pour nous, qui pensons que la philosophie a pour mission de "ramener à l'unité" les héros de la pensée pure que sont les mathématiciens (ou les savants) qui ne se contentent pas d'une "unification facile et à la portée du premier venu" (celle, en somme, du bon bourgeois ou paysan qui a SA femme, SA maison et SON dieu, qu'il croit universel) mais poussent à l'extrême incandescence le mouvement (commun à nous tous) du "se perdre dans le multiple" (puisqu'il est "plus moral de se perdre soi même que de se conserver" d'après la version dûe à Thomas Mann de la "servante de Thrace", à savoir Clawdia Chauchat dans "La montagne magique") jusqu'à .... jusqu'à .. traverser la mer et aborder aux rives du Néant?

    beaucoup plus loin, beaucoup plus : jusqu'à élaborer une théorie de la multiplité pure !

     la philosophie consiste à purifier les conceptions communes de Dieu à l'oeuvre dans les différents cultes religieux, y compris monothéistes, que le savant accaparé par ses difficiles et harassants labeurs "dans le champ du multiple"  n'a pas la possibilité de "redresser" en "donnant un sens plus pur aux mots de la tribu".

     "Le rire de la servante de Thrace", le livre de Blumenberg, en tout cas son interprétation "religieuse" dit en fait l'essence même de  ce vers quoi pointent ces simples mots :  "Dieu des philosophes et des savants" :

    "peut être la servante de Thrace avait-elle confondu la théorie des étoiles avec le culte de celles-ci, et avait à ce niveau tenu ses propres dieux pour les plus forts"

    ce sont les mots de Blumenberg page 160...et il est encore plus clair au premier chapitre, page 15 :

    "ce que l'astronome devait voir pour assurer la pérennité de sa science nous pouvons le découvrir ; ce qu'il a vraiment vu pour être captivé par sa theoria, nous ne le savons pas..pour la servante de Thrace qui voit le Milésien marcher dans la nuit dans une posture particulièrement inadaptée, l'hypothèse la plus vraisemblable est qu'il était à ce moment en train d'honorer ses dieux. Alors il est légitime qu'il trébuche car ses dieux n'étaient pas les bons...pour elle il n'y avait pas de dieux de son pays dans la direction où Thalès dirige son regard, vers le ciel étoilé. Ils étaient là où le Grec devait ensuite tomber.C'est pourquoi il lui fut permis de ressentir une joie maligne"

     Notre hypothèse (ou plutôt notre "axiome") est qu'il ne s'agit pas ici d'un "combat entre dieux" mais de l'entrée en scène dans l'Histoire du "Dieu des philosophes et des savants" : c'est "cela" (qui n'est pas un "vu", un spectacle) qui a "captivé" l'astronome-mathématicien-philosophe, et que ne peut absolument pas comprendre la servante thrace (ou qui que ce soit : dans d'autres versions c'est un homme égyptien !); le Dieu des philosophes et des savants ne s'oppose pas aux "dieux" en tant que "plus fort", ou "plus vrai", ou "véritable" (ce qui est le cas du "Dieu" du monothéisme par rapport aux dieux décrétés faux du paganisme). Le gouffre qui sépare les "deux mondes" (grec-moderne, ancien-oriental) est celle entre la recherche rationelle et les cultes collectifs...

    D'ailleurs plus loin dans le livre, se référant à l'interprétation dans l'hégélianisme d'Eduard Gans de l'histoire comme symbolisant l'apparition du monde grec, c'est à dire occidental, comme monde de la théorie, de la science et de la philosophie, comme monde où l'universel prend sens donc (à l'inverse de ce que dit Badiou qui voit la fondation de l'universalisme chez Saint Paul):

    "la servante de Thrace n'est certes pas une orientale mais elle vient de la zone de contact entre Europe et Orient et doit représenter l'instant, fixé par l'anecdote, de la séparation des mondes"

    Et il précise que l'oriental n'est pas (encore) déchiré, scindé en deux (esprit/nature)....aussi la première philosophie ne peut elle être qu'une philosophie de la nature

    Or, s'il est vrai que nous vivons actuellement la fin de l'Occident (comme le répètent avec complaisance les gazettes, nous parlerons quant à nous plutôt d'assomption de l' Europe, avec Abellio), cette petite fable s'avère d'une importance cruciale ! et c'est bien notre opinion....

    Heidegger a quant à lui exhumé la "petite histoire du Théétète de Platon" dans un cours de 1935-36 sur la question de la chose (publié en 1962). Et il y poursuit ce que Nietzsche avait commencé : faire jouer science et philosophie l'une contre l'autre. La science est rabattue sur le Gestell, l'arraisonnement du monde dans le dispositif technico-commercial et son hybris sans limite ni frein. La philosophie est "ce qui s'avère sans utilité " dans le monde du nihilisme et de l'arriasonnement, et qui doit donc provoquer le rire : la chute du philosophe est devenue le critère dde ce qu'il se trouve sur la bonne voie. Heidegger dit ceci :

    «C'est pourquoi nous devons définir la question : "qu'est ce qu'une chose ?" comme étant de celles qui provoquent le rire des servantes »

    Alors bien sûr, nous autres, petites taupes, petits êtres souterrains, Hans Castrop au petit pied fourchu, nous ne sommes pas dignes de dénouer le lacet de ces géants de l'Esprit que sont Heidegger et Nietzsche.

    aussi nous pardonnera t'on sans doute de nous réfugier, pour élever une timide protestation (qui n'a rien à voir avec les protestations moralisatrices suite aux révélations de Farias), sous le parapluie de cet autre géant qu'est Husserl : le philosophe (c'est à dire, pour Husserl, le phénoménologue) ne méprise aucunement les servantes, pas plus d'ailleurs que les prostituées, c'est bien la moindre des choses si comme nous le croyons le Christ (et non pas Jésus-christ, ce dieu païen qui n'est autre que Dionysos qui a finalement réussi à monter sur l'Olympe pour s'y installer à la droite de Zeus-Allah)  est l'Idéal du philosophe, le "Summus philosophus" (Spinoza):

    "il ne peut leur dire que ce dont elles devraient dire à leur tour qu'elles l'avaient vu , mais n'avaient pas pu le dire"

    et quelques lignes plus loin, à propos de la phrase de Heidegger :

    "du point de vue phénoménologique du rapport entre monde de la vie et essentialité, ceci devient une phrase d'une arrogance incroyable"

    Certes ! mais nous devons ajouter que nous apprécions l'arrogance, quand elle est véritable (ce qui exclut les petits gnômes de ce qui se donne actuellement pour pensée).

    Husserl est certes ici l'un de nos inspirateurs, mais nous préfèrerons, pour finir, nous référer encore une fois à Brunschvicg, qui évoque aussi la "petite histoire" dans le "Progrès de la conscience dans la philosophie occidentale", à propos du lancinant problème de la "chute du platonisme dans la mythologie" qui a pour notre époque des conséquences gravissimes :

    "la sagesse du philosophe qui s'est retiré du monde pour vivre dans l'imitation de Dieu a, comme contre-partie inévitable, la maladresse et la gaucherie qui le mettent hors d'état de s'appliquer aux affaires de la vie pratique, qui font de lui, comme jadis de Thalès, la risée d'une servante thrace (Théétète, 174a). Est il légitime de se résigner à cette séparation de la vertu philosophique et de la réalité sociale, qui s'est traduite, dans l'histoire d'Athènes, par des évènements tels que la condamnation de Socrate ? n'est ce point manquer à l'intérêt de l'humanité que de l'abandonner aux opinions absurdes et aux passions désordonnées de la multitude ? et la misanthropie n'est elle point, en définitive, un péché contre l'esprit au même titre que la misologie ? (Phédon, 89b)"

    et Brunschvicg, qui n'a jamais peur de regarder le soleil, ou plutôt l'abîme, en face, de préciser un peu plus loin :

    "s'il est décevant d'attendre que la justice procède spontanément de la sagesse, et s'il est pourtant interdit de désespérer du salut de l'humanité, il faudra, bon gré mal gré, consentir à se placer en dehors du centre lumineux de l'intelligence, et se résigner à escompter les moyens de fortune grâce auxquels peut être on verra converger vers l'hégémonie de la sagesse les conditions de la réalité physique et sociale"

    ou, en d'autres termes, ceux du Zarathoustra de Nietzsche : il faut que le philosophe accepte de descendre du sommet lumineux de l'unité, de décliner , par amour de l'humanité !

    admirez le "peut être" ! il prend tout son sens pour nous, pauvres ombres du 21 ème siècle, qui savons ce qu'il en est advenu de tous les "moyens de fortune" : communisme, capitalisme, démocratie, ou théocraties....

    et nous autres, nous qui ne pouvons pas décliner puisque nous ne sommes pas encore montés ?

    Eh bien, si du moins nous ne nous tuons pas, ce qui semble t'il s'avère être vrai (pour aujourd'hui, et donc aussi pour demain si comme je le crois l'orientation spirituelle sincère dure un peu plus longtemps qu'une gueule de bois, ou que "plaisir d'amour") : il nous faut faire l'effort (gigantesque) de travailler en vue de rejoindre le "centre lumineux de l'intelligence" , pour, peut être , plus tard, descendre, décliner, et escompter d'autres moyens de fortune....

    plus simplement encore : il nous faut préférer les leçons de mathématiques aux parties de bridge ou aux leçons de tennis (allusion à ce que raconte Raymond Aron de la terrible mort dans le désespoir de son frère, ancien champion d'avant guerre : "il avait préféré les leçons de tennis à celles de mathématiques")

     


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  • http://croisades.wordpress.com/

    Les USA ne sont guère en odeur de sainteté sur ce blog, mais nous nous souvenons quand même, nous, que la bête à deux cornes nazie a été vaincue,

     en partie, au nom de cet appel à la Croisade lancé par Eisenhower aux paras et soldats du corps expéditionnaire allié le soir du 5 juin 1944 :

     Soldiers, Sailors and Airmen of the Allied Expeditionary Force!
    You are about to embark upon the Great Crusade, toward which we have
    striven these many months. The eyes of the world are upon you. The hopes and
    prayers of liberty-loving people everywhere march with you. In company with our
    brave Allies and brothers-in-arms on
    other Fronts, you will bring about the destruction of the German war
    machine, the elimination of Nazi tyranny over the oppressed peoples of
    Europe, and security for ourselves in a free world.
    Your task will not be an easy one. Your enemy is well trained, well
    equipped and battle hardened. He will fight savagely.
    But this is the year 1944! Much has happened since the Nazi triumphs of
    1940-41. The United Nations have inflicted upon the Germans great defeats,
    in open battle, man-to-man. Our air offensive has seriously reduced their
    strength in the air and their capacity to wage war on the ground. Our Home
    Fronts have given us an overwhelming superiority in weapons and munitions
    of war, and placed at our disposal great reserves of trained fighting men.
    The tide has turned! The free men of the world are marching together to
    Victory!
    I have full confidence in your courage and devotion to duty and skill in
    battle. We will accept nothing less than full Victory! Good luck! And let us
    beseech the blessing of Almighty God upon this great
    and noble undertaking.
    SIGNED: Dwight D. Eisenhower

     

    Mais, 65 ans plus tard, le paysage s'est un peu brouillé, et cela n'a rien à
    voir avec les brumes matinales des côtes normandes !
    Voici qu'un Bernard-Henri Lévy, pourtant prompt à assimiler tout
    anti-américanisme à l'antisémitisme, lance un vibrant appel contre les
    tentations
    du retour à l'ordre moral (qui fait rage aux USA)
    qui touche selon lui la jeune garde socialiste, après les déclarations de Benoît
    Hamon sur l'affaire Polanski-Mitterand :
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/10/12/xavier-bertrand-estime-l-affa\
    ire-mitterrand-close_1252488_823448.html

    "Marine le Pen n'y suffisait pas : il a fallu que la jeune garde socialiste,
    Benoît Hamon en chef de file, vole au secours du nouvel ordre moral", écrit BHL.
    Ainsi il aura osé, comme le rusé Eric Besson, employer le vieil et archi-usé
    argument de la "reductio ad fascismum" : si Le Pen dit blanc, vous devez dire
    noir,
    sinon vous êtes un fasciste, un totalitaire,
    un crypto-nazi.
    De son côté, le site "causeur", qui nous avait habitués à voler plus haut,
    n'hésite pas à se servir de la pensée du regretté Philippe Muray
    en accusant l'Empire du Bien de persécuter Polanski
    "parce qu'il est juif, riche, génial et qu'il a une jolie femme" (et pourquoi
    pas parce qu'il a une grosse voiture ?)
    http://www.causeur.fr/l%E2%80%99empire-du-bien-contre-polanski,3137
    au fait, Muray n'a pas seulement écrit l'Empire du Bien, mais aussi Modernes
    contre modernes ! un livre prémonitoire quand on songe aux féministes
    forcées de défendre la burqa pour ne pas être comptées
    au rang des islamophobes.
    Notons d'ailleurs que la (petite, toute petite, minusculette) "croisade"
    socialiste n'aura duré que quelques heures, puisque Benoît Hamon ,
    sans doute vertement admonesté dans la nuit par la
    "voix de sa maîtresse" lui intimant l'ordre de rentrer dare-dare à la niche, se
    déjugeait très vite et se considérait comme pleinement satisfait
    par les explications de Frédéric Mitterand au JT de TF1.
    Il se satisfait de peu, ce brave homme, et n'est pas très regardantsur les
    contradictions (entre le discours de Mitterand en 2005, et en 2009),
    non plus que sur l'énorme foutage de gueule
    consistant à dire que l'on se rend en Thailande pour rencontrer des
    prostitué(e)s de 40 ans ou plus !
    Si la "Great crusade" de 1944 avait été aussi piteuse, nous parlerions
    aujourd'hui allemand !
    Nous devons cependant ici adresser un grand Merci à Bernard-Henri Lévy !
    car il nous aura aider à clarifier les buts à court terme de notre action !
    Si le camp du politiquement et de l'islamiquement correct (qui, au nom du
    féminisme et du droit des femmes, défend la "liberté" de porter la burqa)
    désigne, depuis sa base avancée
    de Saint Germain des Prés, comme son principal ennemi l'ordre moral, alors nous
    devons nous considérer ce dernier comme notre territoire à défendre,
    ou plutôt à reconquérir !
    S'ils n'hésitent pas à comparer Polanski à Socrate, la sodomie d'une adolescente
    droguée à l'émancipation des jeunes citoyens d'Athènes par la maïeutique,
    alors nous ne reculerons pas non plus,
    et nous endosserons l' uniforme d'Eisenhower !
    d'ailleurs ce matin , me regardant dans la glace en me rasant, je me suis dit,
    pensant à "l'Enfance d'un chef" de Sartre:
    "je crois que je vais me laisser poussr la moustache"
    Qu'on se le dise :
    ce blog se fixe comme tâche principale de sa Croisade le retour à l'ordre moral
    !
    un objectif prioritaire : lutter contre la pornographie, toute la pornographie,
    pas seulement la pédophilie, comme s'en contentent hypocritement
    les "autorités" politiques, religieuses ou "morales" occidentales,
    complètement corrompues par le matérialisme démocratique.
    La pornographie détruit ceux qui la "consomment", à savoir des hommes
    généralement à faible niveau d'éducation et de ressources
    qui n'ont aucun accès à une sexualité véritable.
    La pornographie est une atteinte insupportable à la dignité de la Femme, et est
    maintenant omniprésente sur le web,
    à tel point qu'il est facile de trouver en quelques clics des sites zoophiles !
    et je voudrais aussi signaler les sites soi disant "branchés" sur le sexe dit
    "interracial" qui diffusent en fait une véritable "idéologie"
    (si tant est que l'on puisse employer ce mot) raciste : les Noirs y sont
    présentés uniquement comme des étalons hyperactifs,
    et les femmes qui se livrent à ce genre de rapports y sont désignées par des
    noms plus insultants les uns que les autres.
    A tel point que les associations dites "antiracistes" feraient bien de s'en
    occuper en priorité, si elles avaient un tant soit peu de sérieux.
    quelques liens à consulter:


    http://www.pornnomore.com/
    http://www.celibacy.info/
    http://www.theoccidentalobserver.net/index.html
    http://www.tomsunic.info/
    http://reasonradionetwork.com/?p=497
    http://henrymakow.com/

    Signalons aussi le film pornographiqe et pédophile "Mon copain Rachid",

    avec la participation d'une

    personnalité médiatique et politique de premier plan, qui se retrouve

    ces jours ci au centre d'une polémique:

    http://www.fdesouche.com/articles/70467

    http://www.numerama.com/magazine/14204-mitterrand-la-bite-de-rachid-et-l-effet-boomerang-de-la-loppsi.html


    Ne perdons cependant pas de vue l'identité de ce blog : il s'agit évidemment
    d'abord de supprimer tous les obstacles "extérieurs"
    qui s'élèvent contre une vie spirituelle. Je ne veux certainement pas
    apparaître pour ce que ne ne suis pas : un monstre moral, et je n'hésite pas à
    dire que le sexe m'est personnellement
    une épine dans le pied depuis toujours , une "blessure qui ne guérit pas" du Roi
    Amfortas.
    Je sais aussi très bien que les époques datant d'avant la (prétendue) libération
    sexuelle étaient caractérisées par une
    hypocrisie révoltante (comme notre époque d'ailleurs).
    Ainsi il est connu qu'avant 1940 toute l'intelligentsia européenne se rendait
    elle régulièrement au "One two two" :
    la guerre aura au moins eu comme résultat positif de venir à bout de ces
    cloaques !
    Toute l' intelligentsia ? que non pas ! je suis persuadé que l'on n'y a jamais
    vu Brunschvicg ou Bergson !
    Toujours est il que "renoncer à la mort", "passer du présent temporel au présent
    éternel" ce sont là des nécessités
    pour ceux qui entendent se consacrer au "Dieu des philosophes".
    Mais comment y arriver si la "blessure qui ne guérit pas" est là, pour nous
    distraire et nous ramener, de gré ou de force,
    au "présent temporel" qui fuit du plaisir ou du désir ?
    Ainsi notre croisade se trouve t'elle inscrite dans un plan coordonné , de
    rationalité et de spiritualité...

     

     


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  • C'est pour moi un sujet de consternation, de voir Finkielkraut (pour lequel je ressens une véritable admiration) dérailler complètement face à Yves Michaud sur France Inter hier , à propos bien sûr de l'affaire Mitterand-Polanski :

    http://www.dailymotion.com/user/franceinter/video/xar0rp_alain-finkielkraut-france-inter_news

    http://www.dailymotion.com/video/xar1cl_alain-finkielkraut-et-yves-michaud_news

    Ce dérapage fait l'objet de commentaires désastreux ici :

    http://www.fdesouche.com/articles/71643

    mais qu'est ce qui lui a pris ?  je m'inquiète aussi beaucoup à la vue de ces tics nerveux qui l'assaillent toutes les cinq secondes ! cet homme est visiblement malade, dérangé même !

    que BHL se couvre de ridicule à propos de cette affaire, en défendant l'indéfendable Polanski, soit : il est dans son rôle de bouffon pseudo-philosophe pour barmen alcooliques de Saint Germain des prés !

    mais Finky ! Finky ! cet homme d'un courage exceptionnel, d'une culture et d'une intelligence elles aussi hors normes, et dont l'amour pour la philosophie ne saurait être mis en doute....

    bien sûr, tout ce qu'il dit n'est pas faux, loin de là, et il n'est pas question de rejoindre la meute des imprécateurs qui feraient mieux de regarder la poutre qui est dans leur oeil .... soit !

    mais franchement : n'y avait il pas d'autres sujets plus urgents ? et surtout fallait il, pour s'opposer comme il le fait à la meute "démocratique", prendre la défense, de manière d'ailleurs complètement "émotive", "compassionnelle", irrationnelle et donc anti-philosophique, d'un homme qui a commis un viol sur une adolescente ? même si les faits se passaient il y a 30 ans ?

    et ce qui est grave, c'est qu'il alimente le discours des idiots qui l'accusent de "défendre l'élite", voir de se montrer solidaire avec son "ethnie" !!!!

    Yves Michaud, bien plus calme et argumentatif, lui administre une véritable correction, et montre qu'il ne sait même pas de quoi il parle (il ignorait que Polanski, né à Paris, a toujours eu la nationalité française).... 

    on pourrait presque dire, à propos de Finky, ce que disait Brunschvicg à propos du philosophe "retiré du monde pour se consacrer à l'assimilation à Dieu dans la clarté de l'esprit" :

    " Mais voici, au-dessous du plan idéaliste, une question qui, tout étrangère qu’elle est à la pure philosophie, va s’imposer au patriotisme de Platon, pour infléchir la courbe de sa carrière et de sa pensée. La sagesse du philosophe qui s’est retiré du monde pour vivre dans l’imitation de Dieu a, comme contre-partie inévitable, la maladresse et la gaucherie qui le mettent hors d’état de s’appliquer aux affaires de la vie pratique, qui font de lui, comme jadis de Thalès, la risée d’une servante thrace. (Théétète, 174 a.) Est-il légitime de se résigner à cette séparation de la vertu philosophique et de la réalité sociale, qui s’est traduite, dans l’histoire d’Athènes, par des événements tels que la condamnation de Socrate ? N’est-ce point manquer à l’intérêt de l’humanité que de l’abandonner aux opinions absurdes et aux passions désordonnées de la multitude ? et la misanthropie n’est-elle point, en définitive, un péché contre l’esprit, au même titre que la misologie ? (Phédon, 89 b.)"

    sauf que : je vois bien qui est ici la servante thrace, mais je ne vois pas que l'on puisse reconnaitre Finky en Thalès !

    Au fond, n'est ce pas là le problème principal, philosophique, de Finkielkraut ? le fait qu'il ait pour Maître en philosophie : Lévinas plus que Thalès ? qu'il accorde la priorité au judaïsme en philosophie par rapport au rationalisme grec, alors que c'est évidemment l'inverse qu'il faut faire, comme Brunschvicg, lui aussi d'origine juive, mais qui a choisi la philosophie, la philosophie grecque, et la science, dans l' unité "insécable" de la philosophie et de la mathématique ?

    plutôt que de rester dans l'entredeux où ce pauvre Finky se perd.....


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  •  Victor Hugo , La fin de Satan :  http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Glaive

    «STROPHE CINQUIÈME. LA TRAPPE D'EN BAS ET LA TRAPPE D'EN HAUT

    L'infini se laissait pousser comme une porte;
    Et tout le premier jour se passa de la sorte;
    Et les aigles montaient.»

    auquel il faut adjoindre, si nous ne voulons pas commettre le plus terrible péché, celui d'oubli (de soi) :

    «Et les puissants oiseaux, la prunelle enflammée,
    Montaient, montaient sans cesse, et volant, furieux,
    Vers la chair, le faisaient envoler vers les cieux.

    Symbole de nos sens lorsqu'allant vers la femme,
    Eperdus, dans l'amour ils précipitent l'âme......

    .......Mais l'amour n'était pas au cœur du dur chasseur

    ce qui, si je ne me trompe, nous enjoint ceci :

    si dès le départ l'amour n'est pas en notre "coeur", il ne sert à rien de commencer , nous n'atteindrons pas le véritable Infini, le Seul, le vol du seul vers le Seul, le Vrai Bien... mais cet amour n'a rien à voir avec celui qui "monte vers la chair", celui qui précipite l'âme... le "coeur" que nous cherchons comme "espace internel" de nos "travaux" ne saurait donc être l'âme, l'anima.

    Nous devons , si nous devons développer dès le début cet "amour", nous détourner de la Femme, de la Femme Toute-Puissante....de la Mère, pour boire la goutte de néant qui manque à la mer (loque); si la Mer Rouge ne se fend pas en deux devant Nous pour que nous traversions à sec, alors vaine est notre foi, vaine est notre folie... mais comme tout est alors vain, que cela ne nous empêche pas de commencer.

    Le Chorus mysticus nous environne à son tour de ses sortilèges:

    CHORUS MYSTICUS:

    Alles Vergängliche
    Ist nur ein Gleichnis;
    Das Unzulängliche,
    Hier wird's Ereignis;
    Das Unbeschreibliche,
    Hier ist's getan;
    Das Ewig-Weibliche
    Zieht uns hinan.

    Tout ce qui passe
    N'est que symbole ;
    L'imparfait ici
    Devient événement (EREIGNIS);
    L'ineffable
    Est ici réalisé (se montre ?);
    L'éternel féminin
    nous entraîne vers les hauteurs (En Haut).

    La montée est sans doute égale à la descente, mais pour nous qui sommes chair (souffrante, éprouvante, aimante) cela n'est pas vrai : la montée est différente de la descente, il y a une orientation, seulement locale certes, mais qui n'en est pas moins "vraie pour nous".

    Or si les deux textes prodigieux nous stipulent que la montée se fait "vers la chair" et sous les auspices de la femme , l'éternel féminin certes, mais le féminin quand même, qui sans cesse cherche à "reprendre en elle" Icare aux ailes fracassées, alors la conclusion est évidente : c'est le sens de la descente que nous devons choisir, nous devons, comme l'ivrogne de caustique lunaire, "plonger au gouffre pour trouver du nouveau, pour ramener l'anneau"....pour quelles noces barbares ?

    "je me détourne du soleil" disait aussi le grand Achab dans "Moby Dick" avant de "capituler" devant la baleine blanche (autre symbole de la Femme : elle ne capitule jamais, elle)....il aurait pu aussi bien dire : "je me détourne de la Femme, Soleil de justice et d'amour, Tipheret qui est l'ornement des cieux".

    Achab doit aussi nous déterminer au grand plongeon, vers les profondeurs de nous mêmes (comme d'ailleurs le voyage au centre de la terre de Jules Verne), et d'ailleurs, alors que chez Hugo ce sont quatre aigles affamés qui emportent vers les hauteurs (factices) le "vaisseau" de Nemrod, appâtés par quatre dépouilles de lions lybiques  au bout de quatre piques, dans "Moby dick" c'est un aigle impérial qui est cloué au mât du navire englouti par Tashtego mourant, et la nef du vieux Roi ne "descendit pas en enfer sans emporter avec elle une part vivante du ciel". C'est dans les profondeurs que se joue le devenir du Tout, qui est le Vrai.

    quoiqu'il en soit, le vol du seul vers le Seul commence , comme tout, de manière ennuyeuse...rappelons nous les divagations passées (pas de beaucoup) à propos de ce satané 19 coranique...elles ne sont pas bien loin dans le passé!

    Ils sont 19 à y veiller (Coran, sourate 74, verset 30)

    Rappelons nous : les nombres défilent, de manière monotone : 1,2,3....4,5....17,18,19 : tiens, en voilà UN ! continuons : 20,21....36,37,38 : tiens, en voilà un second (multiple de 19)...etc..etc.. 55,56,57 tiens , un troisième !

    on peut continuer longtemps comme ça...un par un...on peut continuer une éternité puisqu'il n'y a pas de borne finale à N; si vous passez votre vie à réciter les nombres de cette manière, en en disant un par seconde (ce qui est déjà très fatigant), vous en direz 86400 par jour, mettons 3 millions par  mois, 36 millions par an, donc en une vie que je vous souhaite longue, un siècle, vous n'arriverez guère qu'à 3 ou 4 milliards ! soit même pas une goutte d'eau dans l'océan de N!

    N, c'est l'ensemble des entiers naturels ;  et la vision que je viens de décrire, les nombres qui défilent un par un, le type qui fait un pas après l'autre, cela pourrait être qualifié de "vision naturelle", de manière husserlienne.

    Nous pourrions aussi la qualifier de "vision archimédienne", non pas pour dénigrer le grand Archimède, mais en rapport avec l'axiome archimédien des valeurs absolues sur un corps, dont nous avons déjà parlé à propos des nombres p-adiques. Toute valeur absolue sur un corps (par exemple le corps des réels R, le corps des nombres rationnels Q) satisfait  l'inégalité du triangle :

    [ x + y] ≤ [x] + [y]

    Une valeur absolue est dite non-archimédienne si elle satisfait une inégalité plus forte :

    [ x + y] ≤ Max ([x] , [y])

    Dans un corps archimédien ( i e muni d'une valeur absolue archimédienne ) , une distance entre deux points, exprimée à l'aide de la valeur absolue par d(x,y) = [x-y], pourra toujours être "couverte" par une série de petits pas successifs.

    Dans un espace utramétrique, par exemple un corps non-archimédien de nombres p-adiques Qp ce n'est plus vrai, à cause de l'inégalité forte car si vous ajoutez deux petites longueurs d vous avez :

    [ d+ d] ≤ [d]

    et les espaces ultramétriques ont d'autres propriétés topologiques assez étonnantes : ainsi, pour chaque boule , tout point de la boule en est le centre; deux boules sont soit disjointes, soit l'une incluse totalement dans l'autre. Et pour couronner le tout, tous les triangles sont isocèles !

    Dans un espace ultramétrique, le paradoxe de Zénon a bien des chances d'être valide : Achille ne rattrape jamais la tortue !

    Selon cette vision, il y a "beaucoup plus" de non multiples de 19 que de multiples de 19, puisque ceux ci apparaissent "tous les 19 pas", comme sur l'autoroute les bornes kilométriques.

    Or cette vision est fausse, elle mène à des jugements erronés, et c'est sur cette "illusion" que se basaient les propagandistes islamiques pour leurs escroqueries sur les "très grands nombres du Coran":

    http://www.blogg.org/blog-30140-billet-les_tres_grands_nombres_du_coran___un_pretendu_miracle_qui_est_en_fait_une_imposture-1086710.html

    Coup de théâtre : c'est le contraire de l'apparence "archimédienne" qui est vrai !

    la vérité objective, c'est qu'il y a, dans N, beaucoup plus de multiples de 19 que de non multiples de 19, contrairement aux "apparences" de la vision naturelle ou archimédienne ...

     et quand je dis "beaucoup plus" c'est "infiniment plus" qu'il faudrait dire ! une démonstration en a été donnée dans l'article ci dessus , mais on peut s'en assurer immédiatement en observant la décomposition de chaque nombre en facteurs premiers,comme un produit infini :

        n=  i  pi ki    (où n est un entier naturel quelconque)

     le produit s'étend à tous les nombres premiers pi   qui sont en nombre infini : 2,3,5,7,11,13,17,19,23,etc...bien entendu, pour que nous parlions bien de nombres entiers "réels, accessibles à la vision naturelle", il faut que tous les exposants ki  soient nuls sauf pour un nombre fini de pi .

    Dans cette notation les non multiples de 19 sont les nombres pour lesquels l'exposant correspondant à 19 est nul, les multiples de 19 sont ceux pour lesquels cet exposant est non nul. Nous voyons donc avec évidence qu'à chaque "non multiple" de 19 nous pouvons faire correspondre une infinité de multiples de 19 en le multipliant par  : 19, puis 192 , 193 etc..., 'est à dire en faisant prendre à l'exposant de 19 les valeurs successives : 1,2,3,...etc...à l'infini.

    Ce que Hegel n'avait pas prévu

    La "vision naturelle" que je viens d'évoquer, elle correspond au "mauvais infini" de Hegel : celui qui est "inaccessible", l'oasis dans le désert qui n'est peut être qu'un mirage , il brille au loin, toujours plus loin que ce que peut parcourir le voyageur mourant de soif

    La "bonne nouvelle", l'Evangile offert ici, c'est que cette vision (désespérante) est fausse ! cela vient d'être démontré ici.

    Elle, et son "mauvais infini" correspond à ce que Brunschvicg appelle les "apparences dûes à l'égoïsme vital", par exemple dans ce passage prodigieux de "Raison et religion" :

    "il ne s'agit plus pour l'homme de se soustraire à la condition de l'homme. Le sentiment de notre éternité intime n'empêche pas l'individu de mourir, pas plus que l'intelligence du soleil astronomique n'empêche le savant de voir les apparences du soleil sensible. Mais, de même que le système du monde est devenu vrai le jour où la pensée a réussi à se détacher de son centre biologique pour s'installer dans le soleil, de même il est arrivé que de la vie qui fuit avec le temps la pensée a fait surgir un ordre du temps qui ne se perd pas dans l'instant du présent, qui permet d'intégrer à notre conscience toutes celles des valeurs positives qui se dégagent de l'expérience du passé, celles là même aussi que notre action réfléchie contribue à déterminer et à créer pour l'avenir. Rien ici qui ne soit d'expérience et de certitude humaines. Par la dignité de notre pensée nous comprenons l'univers qui nous écrase, nous dominons le temps qui nous emporte; nous sommes plus qu'une personne dès que nous sommes capables de remonter à la source de ce qui à nos propres yeux nous constitue comme personne...."

     bien entendu, notre "individu", notre petite personne , à laquelle nous attribuons tant d'importance à cause de l'illusion vitale (qui est celle du Dieu de l'homo faber, le dieu des croyants et des religieux), mourra, disparaitra définitivement, au bout de quelques milliards de nombres comptés... elle aura compté 19 fois moins de multiples de 19 que de non multiples.

    Mais cela est objectivement et démonstrativement faux, comme nous venons de nous en assurer. Ce sont des apparences seulement vitales, qui peuvent et doivent se dissiper à la lumière du Soleil intelligible de la Raison...la Raison, ou l'Esprit, qui est supérieure à la Vie.

    Nous pouvons donc espérer passer du "sentiment de notre éternité intime" à la certitude rationnelle, vérifiée  et objectivement prouvée de cette éternité, grâce à notre petit schéma sur les nombres. Et c'est Brunschvicg lui même qui nous invite à dépasser son verbe (d'une puissance et d'une beauté prodigieuse, à jamais inégalée et inégalable), qui nous l'ordonne même : car le Verbum ratio, le mathema, est infiniment plus puissant, s'agissant de vérité, que le verbum oratio, le logos, et cette dualité commande l'opposition entre l'idéalisme mathématique de la République platonicienne ,qui est la pierre de fondation de l'Occident, et le réalisme astrobiologique de la Métaphysique aristotélicienne, qui est d'origine et de caractère asiatique, comme on peut s'en assurer grâce au livre de René Berthelot : "l'Astrobiologie et la pensée de l'Asie", voir:

    http://www.blogg.org/blog-64760-billet-l_astrobiologie___origine_des_sciences_modernes_et_des_religions-663616.html

    «l’opposition décisive entre l’idéalisme mathématique de la République platonicienne et le réalisme astro-biologique de la Métaphysique aristotélicienne a défini le thème fondamental de l’Occident dans le domaine pratique comme dans le domaine théorique, indépendamment de toute référence au christianisme. Plusieurs siècles avant qu’il ait commencé d’exercer sa propagande, la polémique de l’Académie et du Lycée apporte le témoignage lumineux qu’il existe deux types radicalement distincts de structure mentale, commandés, l’un par les relations de la science (μαθήματα), l’autre par les concepts du discours (λόγοι). De là procède le problème religieux, tel qu’il se manifeste dans la  terminologie des Stoïciens avec la dualité du Verbe intérieur, ou raison : λόγος ἐνδιάθετος, et du Verbe extérieur, ou langage : λόγος προφορικός. Ce problème, s’il devait prendre dans le christianisme une forme de plus en plus aiguë, ne relève à son origine que de la seule philosophie. »

    Où la trouverons nous, cette certitude rationnelle de notre éternité intime ? tout simplement en passant du mathème , additif, de la vision naturelle, au mathème , multiplicatif, du produit infini de la décomposition en facteurs premiers (qui , rappelons le, de par le théorème fondamental de l'arithmétique, existe et est unique pour chaque entier naturel) :

    n= ∏ i  pi ki   

    mais vous trichez, me rétorquera t'on ! car l'infini, le mauvais infini, se réintroduit, par le fait indéniable que vous ne pouvez pas noter tous les nombres premiers : votre artifice de notation n'empêchera pas que vous ne pouvez les énumérer et les écrire tous !

    Je pourrais répondre qu'il s'agit ici de pensée et non d'écriture : les écrire tous ensemble, ce serait certes encore le mauvais infini, mais les penser tous ensemble, comme dans ce petit mathème très simple, cela c'est l'infini "intime à notre conscience" : éternité intime qui ne doit plus rien à la vie et au monde.

    Mais nous pouvons nous en assurer en passant à une troisième notation , ou plus aucun "mauvais infini" ne pointe le bout de son nez : la notation par fonction, ou par morphisme, pour aborder la théorie des catégories qui est le véritable cadre de cette "nouvelle pensée" des nombres.

    Le produit infini ci dessus peut s'exprimer comme une fonction :

                f : P  → N

    associant à chaque nombre premier (qui appartient à l'ensemble P des nombres premiers) son exposant qui appartient à N. Et donc l'exposant sera à son tour une flèche, on aura donc un emôîtement à l'infini de flèches... peu importe, nous ne voulons pas ici créer une nouvelel théorie des nombres (quoique...), nous voulons nous élever à la Pensée Infinie qui est D-ieu.

    Dans la vision naturelle (charnelle), les multiples de 19 sont "toujours trop loin", au delà de nos atteintes qui se font "pas à pas", c'est pourquoi nous prenons pour réalité l'apparence qui nous fait croire qu'ils sont bien moins nombreux alors qu'ils sont infiniment plus nombreux.

    Dans la vision catégorique-transcendantale (spirituelle) , ils sont là, au creux de la main : chaque fonction (chaque flèche, ou morphisme de chaque catégorie) est un infini, l'infini qui est là, avec nous (Immanuel).

    La vision naturelle, ou archimédienne, correspond au regard de l'homme à terre, perdu dans une immensité qui le dépasse et l'écrase, dont il ne peut parcourir que de petits domaines, en faisant un pas, puis un pas..on pourrait aussi la rattacher à la conception axiomatique, qui dérive patiemment des théorèmes l'un après l'autre, à partir d'axiomes

    La vision transcendantale, ou zénonienne, est celle du regard de l'aigle, qui surplombe la terre,  ou de l'homme qui s'élève sur un sommet montagneux pour embrasser du regard toute la plaine : c'est celle de la Mathesis universalis, qui procède non par axiomes mais d'un seul coup d'oeil, par Principes. Whitehead y fait allusion au début de "Process and reality", dans ce passage bouleversant où il parle de la méthode de la découverte (qui n'est rien d'autre qu'un aspect de la Mathesis universalis, comme le savait Descartes) , "semblable au vol d'un avion". 

    "The true method of discovery is like the flight of an aeroplane. It starts from the ground of particular observation; it makes a flight in the thin air of imaginative generalization; and it again lands for renewed observation rendered acute by rational interpretation. "

    Ceci correspond aussi aux deux "conceptions de la connaissance : encyclopédique et unitive", qu'à la suite de Christian Godin j'ai distinguées, voir la page permanente de ce blog titrée : "Mathesis universalis, totalité et savoir absolu" :

    http://mathesis.blogg.org/page-mathesis_universalis__totalite_et_savoir_absolu-783.html

    citons par exemple :

    "Nous sommes donc ramenés à l'Un, au savoir et à la connaissance donc; là encore, comme le fait remarquer Godin page 513 volume 2, il y a deux manières de prendre une vue complète d'un paysage : en le parcourant entièrement, ou bien en montant sur une hauteur et en "embrassant d'un seul coup d'oeil", d'un "oeil d'aigle", la totalité du paysage.

     Ce qui correspond pour le domaine du savoir aux deux approches : encyclopédique  (faire un tour exhaustif des différents domaines du savoir) , ou bien unitive:"saisir l'unité profonde des connaissances et (par) la mise au jour des
    principes".

    ou encore, ajoute Godin : d'un côté ceux qui font prédominer totalité sur unité
    (les encyclopédiques), de l'autre ceux qui privilégient l'unité (les
    mathematikoi, les gens du mathème, ou plutôt de la mathesis).....

    Reprenant l'image du paysage dont on peut soit faire le tour, de façon encyclopédique, soit avoir une vue d'ensemble et panoramique en montant sur une hauteur, on pourra dire que la hauteur, la montagne, est la mathématique universelle. Mais cette montagne s'élève bien plus haut que la Tour de Babbel, dont elel est d'ailleurs l'exact inverse : unité de LA mathématique universelle contre confusion des langues et des "cultures" et "religions" (ethniques). Elle s'élève bien plus haut parce qu'elle s'élève...à l'infini...potentiellement parlant du moins. On n'en conçoit pas le terme."

     Ici cependant je me dois de procéder à un sérieux avertissement à l'intention du lecteur : car nous abordons là une zone de grands dangers (spirituels) et  je suis d'ailleurs persuadé que Brunschvicg aurait ici fait des objections définitives... opposer au travail patient et scrupuleux du savant ou même du chercheur spécialisé le "regard d'aigle" de celui qui s'élève sur un sommet de la connaissance et procède par Principes, non par axiomes et dérivation logique, est évidemment très dangereux, et peut cacher la tentation (démoniaque) de quitter le domaine de la Raison pour celui de la mystique, du prophétisme  ou de l'intuition intellectuelle .

    L'aigle est lié au nazisme, plus précisément, dans la doctrine ésotérique il symbolise l'esprit mais il chute et est transformé par le scorpion, qui symbolise le sexe  (ceci soit dit sans tomber dans l'idolâtrie de l'astrologie propre aux charlatans occultistes modernes): ceci fait allusion au terribles dangers liés au sexe et à son utilisation par les mages noirs (et c'est ainsi qu'ont procédé ceux qui ont créé de toutes pièces le nazisme et ses prédécesseurs "ésotériques" : théosophie, Golden Dawn, Ordo Templi Orientis, et enfin Société Thulé, mais ici je ne peux rien dire de plus, et en ai déjà trop dit)

    C'est ainsi que naissent tous les fascismes : de la paresse intellectuelle qui incite à la fornication, puis à la violence et au crime. Dans la "Montagne magique" de Thomas Mann, c'est évidemment la tentation luciférienne adressée par le jésuite Naphta au "bourgeois de la plaine transporté malgrès lui dans la montagne des péchés" : Hans Castorp. Castorp trouve la voie de l'équilibre grâce à la puissance spirituelle qui fait contrepoids à Lucifer-Naphta : Settembrini, l'homme de l'Aufklärung...

    et ce n'est d'ailleurs pas un hasard si René Guénon ("Abd Al Wahid Yahya") ne cesse de vitupérer la science occidentale, à laquelle il oppose une prétendue "science traditionnelle", en accusant l'Occident de ne pas avoir de Principes intellectuels.

    Ces Principes existent bel et bien, et sont à l'oeuvre dans la science occidentale (et seulement en elle) mais ils sont l'objet d'une recherche, d'une quête, pourrions nous dire en référence à la quête du Graal, qui est une tâche Infinie : les deux écueils seraient ici de dire qu'il n'y a pas de Principes, que c'est un mensonge dogmatique ou "mystique", et symétriquement de dire que ces Principes sont déjà là, que nous les avons à notre disposition..

    Le premier danger est celui du scepticisme, ou du naturalisme, le second est bien pire, car il comporte la proximité du MAL ABSOLU consistant à prendre pour les Principes éternels et absolus de la connaissance de faux principes issus de nos instincts vitaux se faisant passer pour spirituels. Et c'est bien à ce terrible danger qu'a succombé René Guénon comme bien d'autres.

    Pour éviter autant que faire se peut ce danger de perdition spirituelle définitive, il faut absolument que les recherches intellectuelles des Principes, propres à la Mathesis universalis, soient précédées d'une ascèse permettant de séparer le Moi vital et le Moi spirituel et peu à peu de remplacer le premier par le second, qui n'est autre que le Christ-LOGOS : "il faut qu'IL croisse, et que je diminue"

    il fallait que ceci fût dit, continuons...

    Dans la vision charnelle et athée qui reste celle d'Alain Badiou, il y a une infinité d'infinis différents, les Alephs de Cantor. Et l'athéisme (revendiqué) de Badiou, qui est celui de l'hypothèse communiste, consiste à détrôner l'UN de par la banalité des infinis qui sont partout

    Dans la vision spirituelle-christienne que nous tentons de mettre ici en place, il y a UN Infini, l'Un, D-ieu, le Vrai Bien, "ce qui" est la condition de possibilité du fait que nous puissions voir l'infini dans chaque flèche, l'éternité dans chaque seconde. "Ce qui" fait que nous puissions (je dis bien "puissions") ne pas devenir fous à lier , fous de désespoir dans l'espace-temps de Blaise Pascal !

    A Carthage alors je m'en fus

    Brûlant brûlant brûlant brûlant

    O Seigneur tu m'arraches

    O Seigneur tu arraches

    Brûlant.

    Il est intéressant de voir au niveau du mathème pourquoi, dans cette vision, c'est toujours la même flèche (infinie) qui revient...ce n'est jamais qu'une différentiation de la flèche archétypique qui est l'Un-identité-dans-la-différence :

            IdA : A→ A

    Un nombre est donc une flèche dans une catégorie C:

      f : P → N

    mais nous pouvons parler de la collection , notée :  Hom C (P,N)

    de tous les morphismes de cette sorte, de tous les nombres donc : infinité d'infinis , si l'infini se love au coeur de chaque morphisme.

    Poussons le mouvement un cran plus loin : ceci nous conduit à associer à chaque objet de la catégorie la collection des morphismes (qui est un ensemble, de par les axiomes de la théorie) qui en partent, ou qui y arrivent :

                 P → Hom(P,-)

         Ceci est un foncteur, associant à chaque objet de C un ensemble, l'ensemble des morphismes qui partent de cet objet :

               F    :   C   → Ens       

    Un tel foncteur est ce que l'on appelle un faisceau (ou plutôt un préfaisceau, "presheaf"). Le foncteur F n'est jamais que la flèche f qui revient à un autre niveau, supérieur...et l'on continuera en associant à chaque catégorie l'ensemble des foncteurs d'elle vers Ens, soit l'ensemble des préfaisceaux : nouveau foncteur, nouvelle flèche à un niveau encore supérieur, allant de la catégorie des catégories à la catégorie des préfaisceaux...

     Cela, ce sont les mathématiques dans leur stade le plus évolué, le stade catégorique, venant après le stade ensembliste : mais la vision spirituelle-transcendantale  s'en empare et découvre l'Infini, le Seul, qui revient toujours dans chaque flèche, chaque foncteur, chaque faisceau...

    J'ai débuté par Hugo, Goethe et Melville, je ne peux faire moins que de terminer par Balzac et Louis Lambert :  http://fr.wikisource.org/wiki/Louis_Lambert

     

    «Le Nombre est un témoin intellectuel qui n’appartient qu’à l’homme, et par lequel il peut arriver à la connaissance de la Parole.


    XI.

    Il est un nombre que l’impur ne franchit pas, le Nombre où la création est finie.


    XII.

    L’Unité a été le point de départ de tout ce qui fut produit ; il en est résulté des Composés mais la fin doit être identique au commencement. De là cette formule spirituelle : Unité composée, Unité variable, Unité fixe.

    Trois est formule des Mondes créés. Il est le signe spirituel de la création comme il est le signe matériel de la circonférence. En effet, Dieu n’a procédé que par des lignes circulaires. La ligne droite est l’attribut de l’infini ; aussi d’homme qui pressent l’infini la reproduit-il dans ses œuvres. Deux est le Nombre de la génération. TROIS est le Nombre de l’existence, qui comprend la génération et le produit. Ajoutez le Quaternaire, vous avec le sept, qui est la formule du ciel. Dieu est au-dessus, il est l’Unité.

    Il existe trois mondes : le NATUREL, le SPIRITUEL, le DIVIN.

    L’Humanité transite dans le Monde Naturel, qui n’est fixe ni dans son essence ni dans ses facultés. Le Monde Spirituel est fixe dans son essence et mobile dans ses facultés. Le Monde Divin est fixe dans ses facultés et dans son essence. Il existe donc nécessairement un culte matériel, un culte spirituel, un culte divin ; trois formes qui s’expriment par l’Action, par la Parole, par la Prière, autrement dit, le Fait, l’Entendement et l’Amour. L’Instinctif veut des faits, l’Abstractif s’occupe des idées, le Spécialiste voit la fin, il aspire à Dieu qu’il pressent ou contemple.


    XXI.

    Aussi, peut-être un jour le sens inverse de l’Et Verbum Caro Factume est, sera-t-il le résumé d’un nouvel évangile qui dira : Et la chair se fera le Verbe, elle deviendra LA PAROLE de DIEU.»

    mais cette "chair" spirituelle n'est pas celle vers laquelle les aigles de Nemrod montaient...

    «Et les aigles montaient.

                                  Leurs ailes éperdues
    Faisaient, troublant au loin les calmes étendues,
    Un vaste tremblement dans l'immobilité;
    Autour du char vibrait l'éther illimité,
    Mer que Dieu jusque-là seul avait remuée.

    Comme ils allaient franchir la dernière nuée,
    Les monts noirs qui gisaient sur terre, soucieux,
    Virent le premier aigle escaladant les cieux
    Comme s'il ne devait jamais en redescendre,
    Se tourner vers l'aurore et crier : Alexandre!
    Le deuxième cria du côté du midi :
    Annibal! Le troisième, à l'oeil fixe et hardi,
    Sur le rouge occident jeta ce cri sonore :
    César! Le dernier, vaste et plus terrible encore,
    Fit dans le sombre azur signe au septentrion
    Ouvrit son bec de flamme et dit : Napoléon!»



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  • Je suis tombé sur ce véritable torchon paru dans Libération, titré "Le désir, la jeune fille et la mère"  signé par Dominique SELS , écrivaine....admirez le vaine

    elle ne manque pas de sels, celle là

    http://www.liberation.fr/cinema/0101595269-le-desir-la-jeune-fille-et-la-mere

    Dürer appréciera ! certes la mère (l'amer) c'est la mort ! là dessus nous tomberons d'accord , mais pas plus , ok, même si entente !

    mais du désir et de la jeune fille, qui est le chevalier, qui est le diable ? à première vue je dirais : jeune fille = phallus = lance = chevalier (pas vraiment preux ) ?

    ah bah ... comme c'est compliqué tout ça, ces histoires de bite...bof c'est l'heure de l'apéro de toutes façons...

    en tout cas, tout est dans l'ordre des choses, j'assiste à la disparition de l'homme, vous savez...le mec, le keum, le pénis, la bite...le roman quoi... tout est bien qui finit bien, les gonzesses sont lâchées et en circuit fermé, les hommes sont simplement classés, comme on classe un dossier, en deux catégories : les salauds (sartriens), et les gentils, ceux qui souffrent, ceux que maman plaint et auxquels elle porte secours et consolation, les pauvres mignons...ce qui compte, la seule chose qui compte c'est qu'ils n'aient plus la parole : dossiers définitivement classés.

    d'ailleurs bientôt il n'y aura plus que madame et son robot-gadget...si si c'est prévu, je vous assure, et on l'appellera, ou plutôt il se fera appeler Arthur (mais pas celui de la table ronde)... Marcel c'était le gros con qui puait le vin...vous savez, en 1945

    et puis de toutes façons, que voulez vous : la vie n'est pas un Roman

    extraits choisis :

    Encore les seventies. J’étais adolescente. Je voudrais dire mon amitié à Roman Polanski, j’espère qu’il va vite se tirer de là. Les mères n’osaient profiter de la liberté qui nous était naturelle, elles s’y hasardaient....

    moi aussi j'étais adolescent, et je voudrais lui dire que je suis heureux de ne pas avoir croisé sa route...quant à Polanski il m'indiffère, comme tous les salauds

    Protégeons les filles de leur mère plutôt que de Polanski.

    à 13 ans on n’est plus une enfant, les filles sont pubères, dévorées de curiosité, de désirs. Ça disait aux mineures de l’Occident : allez-y

    oh pis non, tiens, je donne le tout..ce genre de merde, c'est comme du mauvais whisky : il faut boire au moins la bouteille, sinon on est malade .... jusqu'à la lie, qu'ils appellent ça

    Encore les seventies. J’étais adolescente. Je voudrais dire mon amitié à Roman Polanski, j’espère qu’il va vite se tirer de là. Les mères n’osaient profiter de la liberté qui nous était naturelle, elles s’y hasardaient, alternant hardiesse et revirements vertueux. Je sais des histoires où la fille fut importunée par le désir de sa mère, sur elle projeté ; la mère la mène vers un homme mûr ; favorise un rapprochement ; son fantasme accompli par procuration, elle crie, soit chasse sa fille, soit s’indigne contre le monstre qui en aura abusé, et qui est en fait tombé dans le panneau. C’est pas la faute à Voltaire, toujours la faute à la fille ou à l’homme : pourvu qu’on n’attaque pas la moralité de la mère.

    Protégeons les filles de leur mère plutôt que de Polanski. J’espère qu’aujourd’hui, les filles rencontrent des cinéastes pour une leçon de scénario ou de mise en scène, non pour des photos. Mesdames, n’en avez-vous pas assez de jouer les niaises depuis des millénaires ? Depuis quand un peintre ne couche-t-il pas avec son modèle ? Si, pour Vogue, Polanski faisait poser des filles si jeunes, ça vient de David Hamilton. Photos mignardes circulant au lycée, je n’aimais pas. On ne voit pas l’homme sur l’image, on le sent, tout en la fille est invite. Elles disaient une vérité : à 13 ans on n’est plus une enfant, les filles sont pubères, dévorées de curiosité, de désirs. Ça disait aux mineures de l’Occident : allez-y. Des parents, une agence, un magazine, la société avait fait ça, nous tendait un bon de sortie de l’enfance. Les garçons de 13 ans n’ont pas le même âge physiologique, ça ne va pas, pour les initiations.

    Si une fille, non vierge, n’y allait pas pour se donner, peut-être souhaitait-elle offrir une image poétique de ce désir, par la photo. Des parents qui envoient leur fille faire des photos ignoreraient qu’un homme est excité par l’organe de la vue ?

    Samantha n’analysait pas tout ; sa mère est mannequin, l’a-t-elle mise en garde ? Même chaste, un modèle devine qu’elle a métier de provocation utilisant des techniques d’appel, de sidération du regard, pas étrangères à celles de la prostitution. Je ne sais pas comment vous pouvez supporter ce silence et cette hypocrisie des femmes. Polanski est tombé dans le piège d’un rêve de jeune fille. Il ne s’est pas méfié. Qu’on le libère et qu’on le laisse tranquille.

    Encore les seventies...ça c'est sûr; on commence à en avoir soupé de celles là, il faudrait bien inventer un missile temporel qui éliminerait les époques, par pans entiers du Mur des siècles...et si on pouvait aussi supprimer les sixties ça m'arrangerait bien...

    en circuit fermé vous dis je : la mère et la fille ont éliminé le père, elle l' ont transformé en gode ambulant ! et ça cause, et ça écrit, et ça jacte...

    et moi qui croyais que c'est de la saloperie, de droguer et saoûler une adolescente avant de la sodomiser "par deux fois"...j'étais pas assez branché, oups pardon, connecté !

    pour ne pas avoir la gueule de bois, il n'y a qu'un moyen, en faire une théorie, une théorie de la jeune fille , ou une autre Tiqqunerie du même genre :

     http://lesilencequiparle.unblog.fr/2009/02/05/premiers-materiaux-pour-une-theorie-de-la-jeune-fille-tiqqun/

    ou alors, la Bible.... Jérémie, 31 :

     

    13 Alors la vierge se réjouira dans la danse, et les jeunes gens et les vieillards, tous ensemble. Et je changerai leur deuil en allégresse, et je les consolerai, et je les réjouirai en les délivrant de leur douleur;

    14 et je rassasierai de graisse l'âme des sacrificateurs, et mon peuple sera rassasié de mes biens, dit l'Éternel.

    15 Ainsi dit l'Éternel: Une voix a été ouïe à Rama, une lamentation, des pleurs amers, Rachel pleurant ses fils, refusant d'être consolée au sujet de ses fils, parce qu'ils ne sont pas

    22 Jusques à quand seras-tu errante, fille infidèle? Car l'Éternel a créé une chose nouvelle sur la terre: une femme entourera un homme.

    et Osée :

    1:1 La parole de l'Eternel qui fut adressée à Osée, fils de Beéri, au temps d'Ozias, de Jotham, d'Achaz, d'Ezéchias, rois de Juda, et au temps de Jéroboam, fils de Joas, roi d'Israël.

    1:2 La première fois que l'Eternel adressa la parole à Osée, l'Eternel dit à Osée: Va, prends une femme prostituée et fais lui des enfants de prostitution; car ce peuple se prostitue, il abandonne l'Eternel!

    1:3 Il alla, et il prit Gomer, fille de Diblaïm. Elle conçut, et lui enfanta un fils.

    1:4 Et l'Eternel lui dit: Appelle-le du nom de Jizreel; car encore un peu de temps, et je châtierai la maison de Jéhu pour le sang versé à Jizreel, je mettrai fin au royaume de la maison d'Israël.

    1:5 En ce jour-là, je briserai l'arc d'Israël dans la vallée de Jizreel.

    1:6 Elle conçut de nouveau, et enfanta une fille. Et l'Eternel dit à Osée: Donne-lui le nom de Lo-Ruchama; car je n'aurai plus pitié de la maison d'Israël, je ne lui pardonnerai plus.

    1:7 Mais j'aurai pitié de la maison de Juda; je les sauverai par l'Eternel, leur Dieu, et je ne les sauverai ni par l'arc, ni par l'épée, ni par les combats, ni par les chevaux, ni par les cavaliers.

    1:8 Elle sevra Lo-Ruchama; puis elle conçut, et enfanta un fils.

    1:9 Et l'Eternel dit: Donne-lui le nom de Lo-Ammi; car vous n'êtes pas mon peuple, et je ne suis pas votre Dieu.


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